Frank Foster - Manhattan Fever
Frank Foster clôturait brillament l'album d'Elvin Jones, le voici à la tête de son propre projet. Il a fait longtemps partie de l’orchestre de Count Basie, de 1953 à 1964, à la mort du Count, il a pris en charge la direction de l’orchestre. En 1968, à l'invite de Blue Note, il est décidé à prendre la direction des studios à la tête d’un sextet, et d’enregistrer cet album. Il s’entoure de Mickey Roker à la batterie, Bob Cranshaw à la basse, Richard Wyands au piano, Garnet Brown au trombone et Marvin Stamm à la trompette. Lui-même est au ténor, comme de juste et signe toutes les compos excepté « Seventh Avenue Bill » qui ferme l’album et qui est signée de Bill English.
1968 a beau être l’année du psychédélisme, ne vous attendez à rien de ce genre ici, nous sommes plongés dans un hard bop très conventionnel et, comme on ne se refait pas, le sextet prend des airs parfois de grand ensemble et Richard Wyands sonne comme Basie (ce qui est plutôt un compliment), les arrangements sont assez complexes et ça swing sans retenue. Cette musique est totalement hors des modes et du temps, un peu anachronique dès qu’elle s’est figée dans la cire.
Pourtant le plaisir d’écoute est bien là, Little Miss Nose, Loneliness, You Gotta Be Kiddin’ et Seventh Avenue Bill autant de bons titres qui apportent qui sa fraîcheur, qui son swing et qui ses solos enivrants et tournoyants, l’occasion de rendre hommage à un merveilleux musicien qui sera rarement sur le devant de la scène, resté souvent et longtemps dans l’ombre du Count.