Mellow Gold
7.2
Mellow Gold

Album de Beck (1994)

je me rappelle la première fois que j'ai entendu Loser de Beck sur mon petit radio-réveil planté sur une étagère branlante au dessus de mon plumard.
Une étagère poussiéreuse où trônait une merveilleuse collection de n'importe quoi. Une collec' étrange, un merveilleux melting-pot de broutilles inutiles, comprenant notamment un vieux jack usé trouvé dans un quelconque concert de Punk régional, un coquillage bizarre qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à maître Capello ou même un prospectus de literie dont la gonzesse aux attributs mammaires hypertrophiés avait perturbé mon regard encore moyennement innocent.
C'est au milieu de ce fatras, sortant de ce poste grésillant et cabossé que je pris ce Loser en pleine poire.
Ce morceau, à l'image de cette étagère, de cette chambre d'ado priapique qui était la mienne avait ce charme bordélique, ce côté bringuebalant qui sauta immédiatement à mon oreille ouverte aux quatre vents.


C'est en 1994 que Loser déferle sur les ondes du monde entier.
C'est en pleine époque Grunge (Genre auquel Beck sera rattaché à ses débuts) que tombe lourdement le premier album du Californien sur le monde de la musique.


Beck n'est pas un débutant quand sort Mellow Gold.
A dix-huit ans , il quitte l'école et part rejoindre son grand père en Allemagne ( Al Hansen personnage important et complètement déjanté du mouvement artistique Fluxus ) où il touche à des formes d'Art insolites et avant-gardistes ( Comme le lâcher de piano du haut d'un pont par exemple).
En rentrant au pays, Beck traîne les bars de la *Big Apple*et se fait la main sur différents groupes du mouvement anti-Folk et autres mouvements alternatifs.
Au début des années 90, il rentre à Los Angeles vivant de petits boulot, continuant à grattouiller sa guitare baladeuse et finit par enregistrer ses morceaux étranges sur différents labels indépendants.


C'est avec Geffen Records ( qui lui offre moins d'argent mais une liberté totale et un contrôle absolu sur la production de ses albums) que l'explosion aura lieu. Et cette explosion, c'est la mèche Loser qui viendra la déclencher. Blues dissonant et tordu dont le style parlé et sa Fuck Attitude assumée en font le fer de lance du mouvement "slacker".
Mellow Gold vient de naître.
Album foutraque, skeud fourre-tout où Beck balance à l'intérieur et à grands coups de pelle sa créativité qui semble ans limite.
Le Californien investit les genres, s'immisce dans les différents styles musicaux de son pays, les ronge de l'intérieur et les détruit à grands coups de masse.
Beck encore inspiré par le mouvement Fluxus auquel appartient son grand père, influencé par cet anti-Art faisant de la destruction, de la remise en cause et de l'abolition des frontières artistiques une nouvelle forme d'Art, transpose les grandes lignes du dogme Fluxien dans ce premier album insaisissable.
Son court passage dans le mouvement underground de l'Anti-Folk servira également à peaufiner ce merveilleux bordel qu'est Mellow Gold.


Beck pénètre les styles, les déforme, les déstructure avec l'assurance du gamin génial qu'il est.
Tout est malaxé, passé au robot d'une prod' brillante et innovante.
La folk des ancêtres est enfournée dans la machine à laver Beckienne programme "Délavage" comme pour la merveilleuse Pay No Mind (Snoozer) ou la malicieuse Nitemare Hippy Girl, d'où elles ressortent vidées, essorées jusqu'à la dernière goutte mais d'un blanc immaculé renouvelé.
Le Blues du Delta est lavé par l'ange blond dans les lavoirs du bord du Mississippi où l'eau lave plus Black que Black. La guitare électrique, l'harmonica, les oripeaux ancestraux du Blues aplatis, écrasés, désincrustés à coups de battoir. Ressortant, malgré le big bang mélodique improbable, aussi pur qu'aux premiers temps (Le bien nommé Fuckin With My Head ou ou le bancal Truckdrivin Neighbors Downstairs).


Mellow Gold est l'album magique d'un môme sûr de son talent et de sa modernité ( et une influence flagrante pour les néo-Folkeux des 00's tels Sufjan Stevens et autres).
Un moment précis dans ces nineties "Nirvanaïsées", une bouffée d'air frais Rock hors de ce Grunge cannibale.
Une galette comme cette étagère branlante au dessus de mon pieu: Bordélique, tordue, grinçante et un peu cradingue mais diablement vintage et foutrement solide.

Ze_Big_Nowhere
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes ♪♫...ZBN 2 . La bafouille Pop-Rock !...♫♪.............et Punk !..et Blues !..et Métal !..et Rap !..et Bossa ! et Criptyques Musicales

Créée

le 28 avr. 2015

Critique lue 855 fois

31 j'aime

15 commentaires

Ze Big Nowhere

Écrit par

Critique lue 855 fois

31
15

D'autres avis sur Mellow Gold

Mellow Gold
jimbomaniac
7

coup de tonnerre .......

Beck , Qui est donc ce vilain petit canard qui vient s’inviter dans la cour des grands au milieu des années 90? Qui est donc ce drôle de type avec sa dégaine d’adolescent endormi, effarouché , ...

le 22 févr. 2017

Du même critique

Touche pas à mon poste
Ze_Big_Nowhere
4

Touche pas à mon despote !

J'ouvrais péniblement les yeux aux sons d'applaudissements frénétiques et mécaniques. J'étais assis au milieu d'un public bigarré, béat d'admiration devant ce qui se passait devant lui. Les...

le 3 mars 2016

241 j'aime

42

Les Anges de La Télé-Réalité
Ze_Big_Nowhere
1

Les Tanches de la téléréalité

12:30. Brenda se lève difficilement après une nuit arrosé avec ses amis dans une boîte à la mode de Miami. A ses côtés Jenifer, Steven et Brandon ronfle paisiblement sur les coussins multicolores...

le 28 mai 2015

227 j'aime

30

South Park
Ze_Big_Nowhere
10

American Way of F*ck

Colorado. État de l'Ouest des États-Unis. Capitale: Denver. Une superficie de 269 837 km2 pour plus de 5 millions d'habitants. Des vallées gigantesques d'un côté, les montagnes rocheuses de l'autre...

le 28 déc. 2015

198 j'aime

16