Six ans après Terminal Earth, Scanner revient sur le devant de la scène, amputé de l’entièreté de son line-up excepté Axel Julius. Autant dire que la surprise est totale, surtout que les musiciens sont affublés de surnoms idiots. En six ans, le monde du metal a changé, et ce que nous offre le groupe allemand également. Tout d’abord, le son s’est alourdi, ce qui n’est pas un problème, ensuite les éléments de science-fiction et surtout les arrangements futuristes se sont estompés.
L’album débute par « Break the Seal », un morceau rapide et agréable, sur lequel le chanteur délivre une bonne performance, faisant sans peine oublier son prédécesseur. Inspiré par les guitaristes néo-classiques, Axel nous offre un excellent solo avant de relancer la machine grâce à un riff épais soutenu par une bonne section rythmique. Les influences d’Helloween sont mieux digérées et ce sont surtout des éléments thrash qui viennent à l’esprit. Avec « Upright Liar », Scanner explore de nouveaux chemins en proposant un titre torturé, qui passe de riffs rapides à des passages mélodiques chantés par des chœurs, avant de proposer un break angoissant et de nouveaux changements de rythmes. En plus 7 minutes 30, Axel Julius nous montre toute l’étendue de son talent de compositeur. Une pièce maîtresse de cet album. Débutant par un bruitage de fusillade, « After the Storm » est un titre lent, basé sur de bonnes mélodies à chanter en concert et soutenues par des chœurs grandiloquents, une nouveauté pour le groupe. A nouveau un bon morceau, très différent des premiers albums, mais vraiment agréable.
On change d’atmosphère avec « Your Infallible Smile », une power ballad qui plonge ses racines dans le hard rock des années 1980. Pas désagréable, mais vraiment étonnante avec ses guitares claires et ses montées d’intensité avant le refrain. Par contraste, le furieux « Conception of a Cure » apparaît comme un déferlement de violence qui emporte tout sur son passage pour un mélange entre Judas Priest et Helloween de bonne qualité. Les guitares sont incisives, le son énorme et le chant agressif. « Into a Brave Man’s Mind » surprend ensuite par sa construction progressive, les motifs qui y sont développés et ses chœurs. On flirte avec Queensrÿche et Nervermore pour un morceau réussi, mais qui prend à la gorge. En comparaison, « Out of Nowhere », au tempo rapide, paraît un peu fade, et ce, malgré un entrain certain. C’est pire pour « Nightmare », assez passe-partout, dont le refrain n’apporte rien de nouveau. Il en va de même pour « Rubberman », un heavy thrash au rythme syncopé, qui semble là pour remplir l’album, tant son refrain renvoie à ce qui se faisait dix ans auparavant. Si les solos sont bons, ils ne rattrapent pas l’ensemble.
L’album se termine sur deux morceaux très différents. Tout d’abord « Wrong Lane Society » est un mid-tempo heavy thrash aux vocaux syncopés sur les couplets, alors que le refrain est très mélodique. Ces contrastes le rendent intéressant. A l’opposé, « 20th Century Crusade » joue sur sa rapidité, mais peine à convaincre, en raison d’une construction alambiquée qui puise à la fois dans le thrash et le rock progressif des années 1970.
Mental Reservation est un bon album, parfois difficilement abordable à cause de ses expérimentations assez désordonnées, mais il n’a rien à voir avec le Scanner des deux premiers albums. Si Axel Julius n’en fait qu’à sa tête, ce qui sera encore plus évident sur d’autres albums, il saborde en partie le nom de son groupe qui, d’ailleurs, n’en est pas un, mais plutôt un projet solo.

DenisLabbe
6
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le 11 sept. 2020

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