Même si tu t'intéresses pas mal à la techno, il n'est pas certain que tu connaisses Positive Centre : le producteur allemand a en effet toujours travaillé dans l'ombre, sortant l'intégralité de ses morceaux sur le petit label de Sigha Our Circula Sound, notamment son premier long format In Silent Series, scie sauteuse indus techno bien aiguisée et trop injustement méprisée. Il arrive cependant sur le devant de la scène par un chemin détourné, au travers de cette Monad XIX qui continue la série de sorties digitales du même nom de Stroboscopic Artefacts. Le concept reste bien entendu le même : aucune contrainte n'est imposée à la création, ce qui explique la diversité des sorties et des invités, allant du monolithique Perc au très IDM Kangding Ray. Mais plutôt que de s'aventurer dans des domaines qu'il ne maitrise pas, Positive Centre continue de proposer avec sa quatrième sortie une indus techno toujours très maitrisée à défaut d'être visionnaire, et qui s'inscrit parfaitement dans l'actuel zeitgeist techno.


Subbass édentées, scories métalliques et kicks fracassants, la recette est connue. Et pourtant on ne peut s'empêcher d'être un minimum impressionné à la première écoute par le niveau de maîtrise : on ne s'attendait bien sur pas à un amateur, mais le premier morceau montre que le jeune allemand entend bien imposer son nom dans le microcosme techno, avec cette rythmique hyper efficace et ces échos difformes et acides en arrière plan, et une profondeur assez incroyable. Et dans la lignée de son premier LP, le producteur maintient son auditeur dans une tension permanente, en le faisant déambuler entre percus très denses et passages moins beaté qui mettent mal à l'aise, avant le retour du coup de patte rythmique dont il semble avoir le secret.


Et c'est une fois entièrement entrés dans l'antre de la bête que Positive Centre se permet de nous assommer avec une violence autistique, dans un Figure is the Form diabolique. A grands coups de sirènes post-apocalyptiques et de chevrotine rythmique, le producteur nous empêche de nous débattre, alors que toutes nos forces vives sont concentrées pour survivre à cet assaut qui change continuellement de provenance au grès des changements rythmiques, à peine aidé en cela par quelques instants de répit. Mais le monstre se lasse vite tandis que l'on débouche sur ce Signal Structure très méditatif et de circonstance, bien qu'étant aujourd'hui un poncif techno dont on se débarrasserait bien.


Positive Centre manifeste donc une fois de plus sa volonté de marquer la scène techno de son empreinte, qui plus est sur un label accoutumé aux productions de qualité, avec un EP assez classique (à l'exception de ce troisième morceau) mais parfaitement convenable. Une belle opération pour élargir sa fanbase, sans se renier toutefois.

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le 16 juil. 2015

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