La mort de Gainsbourg ? Si je m’en souviens ? Vincent, Christophe et moi . 2 mars 1991.
Ce soir là, on était passé devant chez lui, rue de Verneuil, comme ça nous arrivait souvent, quand nos flâneries parisiennes nous conduisaient dans le coin ; histoire de lire un peu les graffitis sur la façade et puis, on savait jamais, des fois qu’il sorte s’acheter des clopes et qu’on puisse lui dire deux ou trois mots…Late at night, au retour à l’appart. on allume machinalement la radio pour les résultats du foot . France Info. « L’artiste Serge Gainsbourg vient d’être découvert décédé à son domicile ». Gros silence. On a même hésité à retourner sur place et puis non. Il y a eu tous ceux qui se sont précipités rue de Verneuil juste après. Nous, on était ceux qui étaient sur place juste avant. Et ça ne s’oublie pas.
A part deux tomes de reprises de Mick Harvey – une des talentueuses mauvaises graines de Nick Cave - (« Intoxicated man » en 95 et « Pink Elephants » en 97), les anglo-saxons ne s’étaient pas encore tellement penchés sur l’héritage de Gainsbourg. Ces derniers temps, ils marquent leur regain d’intérêt en le citant à la source de leur inspiration ou en copiant/collant un certain nombre de ses plans dans leurs propres productions (n’est-ce pas, Beck ?). Bref, le beau Seurdge devient tendance outre Manche aussi bien qu’outre Atlantique. D’où l’émergence d’initiatives comme celle dont il est ici question. Reprises, réarrangements, réinterprétations… tout ceci aurait tellement fait plaisir à l’intéressé, qui rêvait de voir son art mineur retravaillé, trituré… revisité par d’autres p’tits gars et p’tites pisseuses.
Cet hommage de la scène anglophone aura mis près de 5 années à voir le jour. La plupart des textes habilement traduits (ce qui n’était pas facile) par Boris Bergman et son compère Paul Ives ont été mis entre les mains de fans connus, de tous horizons et de toutes générations, qui se sont investis à fond dans le projet pour en faire quelque chose de bien.
Un bon disque, varié, riche et inventif, qui se tient de bout en bout sans trou d’air ni remplissage inutile. Les versions, souvent très éloignées des originales (tous les protagonistes ont pris le parti d’intégrer l’hommage en affirmant leur propre personnalité) – et c’est bien pour ça qu’elles sont intéressantes - parviennent sans peine à en préserver l’âme et la substance.
Classieux et pas dégueu !