Si la Norvège a su nous abreuver de black metal régulièrement depuis plus d’une vingtaine d’années, peu de groupes se sont illustrés dans le domaine du death metal jusqu’ici.
J’aurais tendance à dire qu’ils font plus dans le qualitatif que dans le quantitatif, car quand quelque chose se présente, ça sort généralement du lot.
J’ai eu la très bonne surprise d’Obliteration l’année dernière, voici venir le dernier Execration.


Sous la forme d’un quatuor avec un line-up extrêmement stable depuis 2006, Execration en est à sa troisième galette longue durée en plus d’un EP et un split avec la clique death metal norvégienne des Lobotomized, Diskord et justement Obliteration.


Dans sa forme, Execration se situe dans un death metal résolument old school, avec un son très organique et un riffing et des rythmiques qui empruntent à différents styles aisément individualisables aujourd’hui mais qui l’étaient beaucoup moins il y a vingt-cinq ans.
On retrouve donc du death, du thrash, du black, du crust, voire du doom, le tout mélangé avec une ambiance evil de tous les instants sur des compos à tiroirs.
Oui, parce que la durée moyenne d’un morceau chez Execration, c’est plutôt cinq, six minutes (et même au-delà sur ce dernier jet).
Les morceaux s’écartent volontiers du modèle couplet-refrain-pont habituel et ont souvent tendance à surprendre l’auditoire en juxtaposant de longs passages en mid tempo et des accélérations fulgurantes venues de nulle part.


Comme on pourrait s’y attendre, l’album est d’une telle richesse qu’il n’est pas aisé de mettre un quelconque titre en avant ; la qualité y est vraiment homogène, aucun morceau ne fait vraiment tache dans le décor.
On pourrait arguer que les titres s’étirent parfois un peu trop en longueur et gagneraient à être plus concis.
Mais la prolixité fait partie de l’identité d’Execration, et ils semblent avoir de l’inspiration à revendre. Laissons-les donc s’exprimer.


Par rapport au précédent Odes Of The Occult, celui-ci sonne moins death metal ; le son de guitare est moins baveux et crade, le chant un poil moins guttural et moins imposant en grande partie en raison de l’effet de réverbération utilisé et d’un léger sous-mixage. Et ils n’ont pas réitéré l’expérience des interludes instrumentaux. Par contre, il y a clairement quelques colorations heavy.
Les compositions sont par contre tout aussi fouillées.


J’apprécie énormément cette tendance norvégienne du retour aux sources death metal. Ils ont une façon de faire qui, tout en respectant un certain nombre de codes, sait enrichir et faire évoluer le style dans une voie qui leur est désormais propre. La scène death metal norvégienne a longtemps manqué d’une identité forte, à l’image de leurs homologues suédois, anglais ou américains ; eh bien, on dirait que ça prend forme petit à petit grâce à des groupes comme Execration ou Obliteration.

Man_Gaut
7
Écrit par

Créée

le 30 sept. 2015

Critique lue 47 fois

Man Gaut

Écrit par

Critique lue 47 fois

D'autres avis sur Morbid Dimensions

Morbid Dimensions
Man_Gaut
7

"Cosmic Mausoleum"

Si la Norvège a su nous abreuver de black metal régulièrement depuis plus d’une vingtaine d’années, peu de groupes se sont illustrés dans le domaine du death metal jusqu’ici. J’aurais tendance à dire...

le 30 sept. 2015

Du même critique

Stare Into Death and Be Still
Man_Gaut
9

"Drawn Into The Next Void"

Ayant négligé lâchement leur album de 2016, sans doute par paresse intellectuelle, j'étais pour autant resté sur une excellente impression d'Ulcerate avec le duo incontournable Destroyers Of...

le 1 mai 2020

11 j'aime

3

Exuvia
Man_Gaut
9

"Towards Malkia"

Depuis la sortie de Blood Vaults, j'ai eu l'occasion de voir le groupe d'Alexander von Meilenwald en concert et The Ruins Of Beverast (TROB) s'avère particulièrement brillant dans l'exercice, les...

le 22 oct. 2017

9 j'aime

5

Cursus Impasse: The Pendlomic Vows
Man_Gaut
9

"The Apocryphalic Wick"

Ces gros tarés de Howls Of Ebb ont encore pondu une aberration musicale cette année… pour notre plus grand plaisir. C’est un groupe que je suis ravi d’avoir découvert avec sa première sortie, déjà...

le 24 juin 2016

9 j'aime

2