L'histoire qui entoure l'origine de ce groupe vénitien est assez particulière. Fondé dans les années 70 sous le nom de Nuove Dimensioni (tient tient…), le quatuor ne parviendra jamais à sortir un album au cours de cette époque. Et pourtant, la bande avait plutôt une bonne activité sur la scène progressive puisqu'ils se produisirent en live jusqu'en 1978 (qui marquera la dissolution du groupe) aux côtés de Le Orme, Perigeo, Ibis ou encore Biglietto Per l’Inferno. Il faudra attendre 2006 pour que 3 des membres fondateurs décident de dépoussiérer le projet sur base du matériel d'antan. Pour commencer, ils sortent un EP en 2011, puis un premier album (enfin!), Metafora Di Un Viaggio, (qui sera réédité et élargi de nouveaux titres en 2017) formant un album concept qui évoque un voyage introspectif dans l'âme humaine. Une galette semble-t-il de très bonne facture, qui plus est. Et le nouvel album me diriez-vous ? Sorti en mai dernier, il s'agit de nouveau d'un album concept, mettant l'accent sur les origines de l'univers, les profondeurs de l'espace, la nature du temps, le sort mystérieux entourant les trous noirs et évoquant, dans les textes, des thèmes liés à la physique quantique, l'astronomie, l'histoire ancienne et la mythologie. Musicalement, le groupe formé par Alessandro Casagrande (batterie), Sandro Bellemo (basse), Mirco De Marchi (claviers), Luciano Degli Alimari (chant), Antonio Zullo (guitares) et assisté par Federico Berto aux paroles, nous invite à un voyage en huit titres dans la pure veine du RIP d'époque, Banco, Le Orme et Locanda Delle Fate style. Bien évidemment vous me direz avoir déjà lu ces comparaisons des dizaines de milliers de fois, et vous avez totalement raison. Quand il s'agit d'user de références italiennes, c'en est presque une évidence. De plus, celles-ci s'avèrent trop souvent incapables d'atteindre le dixième du talent de leurs modèles précités. Et pourtant, je vais avoir du mal à justifier qu'elles ne soient pas simplement audacieuses. Les premières notes de l'album s’ouvrent sur une atmosphère aérienne, qui au bout de 2' va laisser place à quelques notes de guitare. Très vite, elle sera accompagnée par des textures de synthé développant ainsi une mélodie de plus en plus mystérieuse. Les cymbales s'introduisent enfin et se calquent par-dessus une rythmique à la batterie en mode stop/start. Le mouvement mélodique du morceau est lancé, scotché vous serez! Les 2 prochains titres s’enchainent et nous font découvrir la voix grave et touchante mais surtout très lyrique de Luciano. Chaque morceau est relativement homogène, emmenant l’auditeur vers des atmosphères parfois tendues et dissonantes, avec à l'évidence des bases de musique classique dans la manière de composer et d'agencer les différentes parties. L'album se laisse très facilement écouter, et le temps passe à une vitesse folle en compagnie de nos ritals. Je vous invite néanmoins à vous arrêter sur la piste pénultième, une merveille de pépite progressive de plus de 10 minutes d'un lyrisme à tomber par terre (l'orgue pleure!), scindé en plein milieu pour nous faire chavirer vers une explosion de soli de guitare complètement dingues. Il y a assurément beaucoup de joie dans l'univers de Sezione Frenante, de la lumière et tant de douceur. Et ça fait un bien fou de retrouver une si bonne utilisation du mellotron ! Du rock progressif italien de cette qualité, on en a jamais assez. Profitez!


(Chronique parue dans le magazine ProgRésiste #98)

Del-Flavio
8
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le 26 nov. 2019

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Del-Flavio

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