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Le renouveau folk n'a pas à s'en faire. La décennie 2000 s'est vue bombardée de jeunes talents clairvoyants, capables de regarder aussi bien vers le glorieux passé de leurs maîtres a penser que vers le futur et tous ses terrains en friche. Guitares en main, ces jeunes prodiges font pour certains déjà école - Ben Chasny reprend le flambeau du folk acide, Matt Valentine anime le free-folk, tandis que d'autres se font météores insaisissables (Jack Rose, disparu trop tôt). James Blackshaw, parmi ceux-là, brille lui par une virtuosité sans commune mesure. Abreuvé à la même source que John Fahey et plus particulièrement Robbie Basho dont il vénère le Seal Of The Blue Lotus. Du premier il retiendra la fluidité sans pareille et des open-tunings inventifs, chez le second il trouvera la vision qui fédérera son art.

Plus encore chez Blackshaw que chez tous ses collègues aux doigts d'or, la virtuosité est époustouflante. Les 11 minutes d'ouverture de "Transient Life In Twilight" laissent baba d'aisance et de suites luxuriantes qui ne semblent pas être exécutables avec moins de douze doigts... La suite de l'album ne viendra pas contredire cet état de fait. Cependant des écoutes répétées laissent entrevoir ce qui fait la seule faiblesse de Blackshaw sur cet opus. Le monstre qui guette tout excellent musicien qui s'adonne à la composition ; le Démon Stratif. Car à bien réécouter ces fameuses premières minutes, si la technique est impeccable et la mélodie délicieuse, le tout semble tourner en rond sur la deuxième moitié. Six minutes auraient peut-être suffi à exploiter le potentiel du morceau ; à force de jouer indéfiniment l'anglais tourne à vide. Heureusement l'éclectisme de Blackshaw vient à sa rescousse sur le morceau suivant, et l'ajout de sonorités indiennes (sitar, tampura, harmonium) transforme la suite de 18 minutes en une danse hallucinée charmeuse de serpents.
Tout au long du disque, l'art du guitariste se structure. "Spiralling Skelton Memorial" est séductrice comme peut l'être une ballade vénitienne tandis que le très percussif morceau-titre se fait (presque) pop, avec son harmonium jouant en boucle une simple mélodie alors que Blackshaw cogne passionnément les cordes de son instrument.

Les volutes psychédéliques qui émanent du disque sont propres à faire voyager très loin l'amateur de guitare nue. Le festival de notes ne laisse aucun répit à l'auditeur forcé de baisser les armes en se laissant guider par une maîtrise absolue de l'instrument. O True Believers est un très bel album, une fresque remarquable tissée avec passion mais encore imparfaite. L'art de Blackshaw n'est pas encore arrivé à maturité et la virtuosité gratuite le dispute encore un peu à une économie de notes bienvenue.
Ce n'est que partie remise ; rendez-vous un an plus tard pour passer à un nouveau niveau d'extase et prendre place au sein du "Nuage de l'inconnu".

Créée

le 4 févr. 2015

Critique lue 85 fois

T. Wazoo

Écrit par

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