Il y a beaucoup de bonnes idées dans cet album, l'utilisation plus épurée des instruments notamment, on sent vraiment un travail là-dessus, les guitares qui ne se font entendre qu'avec parcimonie, le groupe a vraiment fait un boulot sur l'ambiance, chose qui n'était pas vraiment le cas depuis A Thousand Suns, même si ce dernier est bien mieux construit (et composé aussi).
Les mélodies vocales et les paroles sont bien senties. L'album tourne autour des thèmes de l'âge adulte, du fait de grandir et de la maturité qui arrive en même temps (Sharp Edges), traite de la perte d'êtres chers (One More Light), et plus généralement des rapports humains, qu'ils soient amoureux (Talking to Myself), ou parentaux (Sorry For Now).
Mais malheureusement il y a aussi plus de mauvais côtés que de bons. La générale indigence de titres comme Heavy, Battle Symphony ou Halfway Right, la platitude du chant sur Good Goodbye ainsi que, comme sur son prédécesseur The Hunting Party, le manque d'utilité des featurings : le couplet de Mike, un des points culminants de l'album pourtant, occulte de loin les couplets de Pusha T et Stormzy, qui arrivent tout les deux un peu comme un cheveu sur la soupe (jamais mot n'aura été mieux choisi) et qui font un peu tâche dans l'ambiance de l'album.
Le manque de variation dans la construction des chansons est aussi dommage, à part pour One More Light et Sharp Edges, pas un seul pont instrumental. Cet argument n'en est cependant pas vraiment un, Hybrid Theory et Meteora ne sont pas des exemples de variété dans ce domaine, et en règle générale Linkin Park observent un chemin de construction similaire dans à peu près tout leurs albums. Alors pourquoi les critiques se focalisent sur cet aspect de OML plus que pour les albums précédent du groupe ? La réponse est simple, et c'est le manque d'intensité, qu'il s'agisse d'intensité rythmique ou d'intensité émotionnelle. Dans ces deux compartiments l'album pêche. A l'exception de 4 titres (Talking to Myself, Sorry For Now pour le rythme, One More Light et Sharp Edges pour l'émotion), les titres s'enchaînent et à l'exception d'Heavy se laissent écouter avec plus de plaisir que de dégoût, mais c'est tout. Pas de moment qui te fait te lever de ton siège et qui te fait crier "VOILA!" comme The Littles Things Give You Away (Minutes to Midnight) ou Burning in The Skies (A Thousand Suns).
Si le parti pris de faire un album calme et mature est digne de respect, l'exécution l'est moins. C'est dommage car le groupe avait toutes les clés pour réussir : Ils ont vraiment gagné en maturité, la démarche était vraiment honnête, et le rendu l'est aussi. Malheureusement cette honnêteté est noyée par la production et par le manque de moments forts.