Out of the Coma
6.3
Out of the Coma

Album de Comus (2012)

Après la sortie et l’ignorance totale du premier album First Utterance, Comus implose. Il se reforme trois ans plus tard avec de nouveaux membres, tout en gardant le noyau Wootton/Watson/Hellaby. To Keep From Cring (1974), et la misérable anecdote qui en résultera. Loin d’invoquer les démons du pernicieux premier effort, ce deuxième essai se plante complètement, d’un point de vue tant artistique que commercial. Les mélodies y sont soporifiques, dénuées du mysticisme malsain qui habitait par exemple un « Drip, Drip ». Comus n’est plus que l’ombre de lui-même, et les publics, si bien grand que confidentiel, l’ignorent totalement. C’en est trop pour Wootton, sa tête pensante, son auteur et compositeur. Le groupe cesse son activité dès 1974, a priori de manière définitive.

Mais aux alentours des années 1990, quelques mélomanes avisés ressortent First Utterance de l’oubli et en font instantanément un objet de culte. Parmi eux, un jeune musicien de death progressif : Mikael Akerfeldt (d’Opeth, pour les ignorants). Son admiration du Dieu de l’orgie va si loin qu’il s’en inspire ouvertement pour les paroles de ses chansons voire même de ses albums : le titre de My Arms, Your Hearse (1998) est directement tiré des paroles de « Drip, Drip ». L’exposition de Comus se voit démultipliée. L’engouement nouveau atteint son apogée lorsqu’Opeth propose innocemment au groupe de se reformer pour quelques dates exceptionnelles en tant que première partie. Tous acceptent (hormis le flûtiste, remplacé par le non moins excellent Jon Seagroatt) et, de fil en aiguille, Comus se reforme définitivement, jusqu’à annoncer la sortie d’un nouvel album, successeur dans l’esprit au légendaire First Utterance. Symboliquement prénommé Out Of The Coma, il paraît en cette année 2012, plus de 41 ans plus tard.

De 41 minutes il est d’ailleurs question dans ce nouvel LP, qu’il est plus sage de considérer en tant qu’EP. Si cinq morceaux sont proposés sur le papier, seuls trois intéresseront réellement l’auditeur. Les deux derniers puent l’esbroufe à plein nez : quatrième morceau, une introduction parlée de Wootton à propos de la suite subséquente, « The Maalgard Suite ». Escroquerie sonore comme on en fait plus : tout simplement inécoutable, il s’agit d’une prise live enregistrée en 1971, alors que Comus préparait une suite à First Utterance. Ressortir ce morceau et le proposer de cette manière relève de l’arnaque la plus sournoise, à condamner sans appel. N’était-il pas possible d’enregistrer une version studio actuelle de la composition ? Wootton lui-même admet regretter ce choix…

Cette fâcheuse manipulation est d’autant plus incompréhensible et décevante que les trois premiers morceaux constituent une réelle satisfaction pour celui qui apprécie Comus pour ce qu’il fait de mieux : des mélodies entêtantes entraînées par d’espiègles guitares acoustiques, des lignes de chant mutines et toujours reconnaissables entre mille, un violon et une flûte frénétiques à souhait, avec des textes percutants en prime ! Comus est bel et bien de retour : les 20 premières minutes d’Out Of The Coma en attestent avec l’aplomb d’une maturité presque toujours aussi folle. Dommage que les 20 minutes suivantes viennent gâcher ce surprenant come back.
BenoitBayl
6
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le 7 déc. 2013

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