POST‐
6.7
POST‐

Album de Jeff Rosenstock (2018)

Cette année parmi les petits malins à sortir un disque pour le jour de l'an, on comptera le trublion power-pop-punk-etc Jeff Rosenstock. Mais si vous savez, le plus grand challenger du genre depuis que Weezer a montré qu'on ne pouvait pas compter sur eux pour la constance dans la qualité. D'ailleurs à quoi bon aller s'emmerder à se taper l'affreux dernier rejeton de Rivers Cuomo quand notre ami Jeff prouve une fois de plus qu'il semble incapable de sortir un album qui ne soit pas une petite perle pop geignarde et énervée ?


Chez Rosenstock l'ambition va croissant. Depuis I Look Like Shit en 2012 on a fait du chemin, on est passé par l'extatique We Cool?, parfaite concision pop punk, et par le plus grandiose WORRY qui s'angoissait avec une inextinguible énergie sur le fait de vieillir, avec une face B toute Abbey-Roadesque en diable. Aujourd'hui l'homme se fixe l'objectif de faire reculer les frontières stylistiques inhérentes au punk ou à la power-pop : en témoigne déjà l'épique "USA" qui part comme un hymne punk écorché vif mais qui au court de ses 7 (!) minutes se permet des échauffourées aux frontières du prog, avec des guitares qui n'en finissent plus de faire des montagnes russes, on pourrait même parler de post-hardcore si on se sentait pousser des ailes de rock-critic... et là paf ! Voilà que déboulent des claviers cotonneux qui nous concoctent une parenthèse quasi-ambient, simili-dream pop en apesanteur avant que l'épique ne revienne de plus belle nous faire une béquille, en traître par derrière, tandis que les guitares s'affirment encore plus qu'avant et qu'une foule de voix scande "et tu USA / et tu et tu USA!!" tue-tête. Et ce n'est que le premier titre ! Le dernier avec ses 11 (!!) minutes vire à mi-parcours de l'hymne power punk à la gratouille acoustique intimiste, à un retour à l'ambient synthétique... qui nous bercera jusqu'à la fin de ses vaguelettes électroniques éthérées.


Entre les deux et bien... une belle collection de pépites bien plus concises, qui couvrent un terrain plus familier, même si ça ne l'empêche pas de tenter des trucs ici et là. On retiendra en vrac la Pixiesesque "All This Useless Energy", la bipolaire "TV Stars" ou la douceur nostalgique et cotonneuse de "9/10"...


Bien sûr, Jeff Rosenstock c'est quitte ou double. Certains seront repoussés par cette constance dans l'écorché-vif (très emo finalement dans l'idée, même si musicalement pas vraiment), d'autres par la seule voix du monsieur, très geignarde et peu subtile, des amateurs de la première heure s'insurgeront de ces étranges mariages punk/prog/ambient, les binoclards iront cracher sur ces paroles trop directes et naïves... Mais moi ça me va. Jeff a un talent imparable pour la mélodie et l'ambition nécessaire pour renouveler une recette qui sinon pourrait vite tourner en rond; et c'est tout ce qui me faut pour être dans son camp. Ça fait du bien de commencer l'année avec toute cette énergie, inutile certes comme le confesse son auteur, mais contagieuse pour sûr.

TWazoo
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 2018 en musique après la cuite fortuite où j'ai pris la fuite devant un inuit et sa truite gratuite et Les meilleurs albums de 2018

Créée

le 4 janv. 2018

Critique lue 367 fois

10 j'aime

T. Wazoo

Écrit par

Critique lue 367 fois

10

D'autres avis sur POST‐

POST‐
Francois-Corda
8

Critique de POST‐ par François Corda

Le titre de l’album, Post-, semble être un préfixe pour introduire l’écoute des 10 titres qui composent l’album. En effet, si Jeff Rosenstock ne révolutionne ni le rock indé ni le punk, au moins il...

le 5 janv. 2019

POST‐
YasujiroRilke
5

Critique de POST‐ par Yasujirô Rilke

Tenu à l'avant poste d'un rock post-punk, cet album pose des riffs et une énergie qui font le job et, plus encore, électrisent l'écoute. De quoi donner des lives fiévreux et mémorables. Manquent des...

le 10 janv. 2018

3

Du même critique

One-Punch Man
TWazoo
4

"Well that was lame... I kinda had my hopes up too."

Cette citation n'est pas de moi, c'est Saitama lui-même, principal protagoniste et « héros » de One-Punch Man, qui la prononce après un énième gros vilain dûment tabassé d'un seul coup...

le 5 janv. 2016

67 j'aime

38

Jackson C. Frank
TWazoo
9

Milk & Honey

"Le plus connu des musiciens folk sixties dont personne n'aie jamais entendu parler." Ainsi s'exprime très justement un journaliste dans un article dédié à la mémoire de Jackson C. Frank, mort en...

le 16 oct. 2013

66 j'aime

4

Murmuüre
TWazoo
9

Murmures du 3ème type

On pourrait être tenté, à l'approche de la musique de Murmuüre, de ne parler que de Black Metal. On pourrait amener, à la simple écoute des guitares poisseuses et saturées ou bien des - rares -...

le 30 sept. 2014

54 j'aime

5