Jacques Berrocal – Parallèles (1976)
Voici venir « Parallèles » de Jac Berrocal, une sélection FJMt°, son second album après « Musiq Musik » sorti chez Futura. Celui-ci inaugure le petit label de Berrocal « d'Avantage », c’est un album un peu fourre-tout, de bric et de broc, assez génial en fait, mais très underground, du genre qui ne fait pas vivre son homme. L’épaisseur arrive au fil du temps et des décennies, quand on fait le point, il y a chez Jac quelque chose qui attire l’oreille, irrémédiablement.
L’album s’ouvre avec « Parallèles » un incroyable duo entre Ferlet au trombone et Berrocal à la valve de trombone, ça vous plonge dans l’ambiance, de l’inouï s’il vous plaît ! Avec « Post card » nous voici compilé dans une drôle de machine, Michel Potage nous parle et joue de la guitare, Berrocal du trombone et Ferlet de la trompette de poche, un texte surréaliste en forme de « tranche de vie », une carte postale, donc. Puis c’est l’heure de « Galimatias » un solo au cornet de Jacques qui déchire le silence…
Puis arrive ce truc en forme de tube, « Rock’n Roll Station », une histoire à trois avec le retour du mythique Vince Taylor, le « Rock’nRoll Speaker », Jacques Berrocal à la « bicyclette » et Pierre Bastien à la contrebasse. Voici l’extrait d’une interview de Jac par Philippe Robert, ce dernier demande des précisions sur sa rencontre avec Vince :
« - Vince était comme un OVNI allant et venant avec une souplesse de félin : un voyant et un séducteur au regard faisant mouche […] Vince Taylor a incarné le rock à un point inimaginable de folies sensuelles et scéniques. Si certains depuis ont élevé le rock comme un art, lui seul en fait a fait une messe imprévisible et troublante. Alors l’idée de « Rock’n Roll Station » m’est venue, son image s’est imposée immédiatement, et l’enregistrement fut bouclé en une heure. « Rock’n’Roll Station » c’est une chose qui m’a complètement échappée ; un geste rapide que j’ai mis vingt ans à chanter sur scène. » C’est dit, pour les amateurs le titre est également dispo en 45 tours.
La face B est entièrement dévolue à « Bric-à-brac (To Russolo) » un titre de vingt-quatre minutes de musique expérimentale rassemblant un octet jouant d’une vingtaine d’instruments en conversation improvisée, c’est surprenant, étonnant, quelque chose de la vraie vie, de la fanfare, de la joie, mais aussi du questionnement au fil de l’eau, du temps et de l’air qui se promène dans les valves en faisant un drôle de bruit…
A l’intérieur de la pochette Jac présente l’ophicléide dont il joue sur la pièce. «n.m (gr. Ophis, serpent, et kleis, kleidos, clef) Instrument de cuivre, à vent et à clef, qui a remplacé le serpent : L’ophicléide, qui a le son rude, lourd, et le mécanisme défectueux, est presque partout abandonné."
Et maintenant l’une des dernières questions de la part de P Robert :
« Aurais-tu aimé jouir d’une reconnaissance plus large que celle associée à ton statut, si tu me permets l’expression, d’artiste culte ?
-Grosse Module»
Il existe également une version Cd augmentée.