Fanfare royale
1974. Le rock progressif / symphonique squatte les radios (ô bonheur...). L'expérimentation, maître-mot de la fin des 60's se dissipe lentement et laisse place à un rock plus direct. Dans ce contexte...
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le 15 oct. 2014
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En 1975 sort une chanson qui va bouleverser à jamais l’univers de la pop musique . Long de 6 minutes, « Bohemian Rhapsody » est un chef d’œuvre unique, mixture magique à base de fleur d’opéra, de mélodie romantique, de rock dur et de paroles énigmatiques, dans une interprêtation d’une extrême brillance. On trouve cette pièce d’orfèvrerie sertie dans l’extraordinaire album blanc « A night at the opéra », formidable melting-pot musical, génial d’un bout à l’autre.
Mais avant de créer sa fabuleuse « Bohemian Rhapsody » (Bo-Rap, pour les intimes), Queen a fait ses classes, comme tout le monde.
A la base, un groupe de hard-rock sans grande originalité et assez bruyant : Smile. Il est composé de Brian May (guitariste-étudiant astronome) et Roger Taylor (batteur-étudiant dentiste) et de Tim Staffel (chanteur-étudiant glandeur).
Une sorte de ouistiti au prognathisme prononcé les suit partout. D’origine iranienne, né à Zanzibar et élevé en Inde, il s’appelle Farookh Bulsara. Il passe son temps à leur donner des conseils dont l’originalité, la folie et la démesure ne trouvent qu’un faible écho auprès des très discrets May et Taylor.
Au départ de Tim Staffel (peu confiant dans l’avenir de Smile), Bulsara prend sa place ainsi que les commandes du groupe qu’il débaptise pour Queen, au grand dam de ses compères ( « queen », ça veut aussi dire « tapette » en anglais populaire), fascinés toutefois par l’impressionnante fertilité créatrice de celui qui a choisi pour nom de scène Freddie Mercury . On embauche un bassiste, John Deacon. Queen est né, en 1971 et c’est Freddie lui-même qui en dessine les fameuse armoiries à base des signes zodiacaux des 4 membres.
Un premier album éponyme et lourdingue (composé principalement de morceaux de la période Smile) voit malheureusement le jour en 1973. Ratage qui va donner à Mercury tous les pouvoirs en matière de direction artistique : exigence, brio, démesure et originalité seront dorénavant les marques de fabrique de l’œuvre du groupe.
Freddie Mercury est un artiste complet. Bercé depuis l’enfance par l’Opéra et le bel canto, il a pour idoles Jimmy Hendrix, le danseur Nijinski et Liza Minelli. Alors la musique qu’il va créer pour Queen ne sera pas du simple rock. Il y aura aussi des choeurs, des harmonies, du clavecin, de l’harmonium, de la guitare cinglante, du bruit, de la folie, des cris, de la mise en scène, des histoires, du chiqué, de la frime, de la tendresse, de l’émotion... Du spectacle, quoi !
L’abum « QueenII » dont il est ici question, sorti en 1974, contient pour la première fois tous ces ingrédients qui mèneront Queen au sommet de l’art musical populaire et au panthéon de l’histoire du rock. Et c’est en cela qu’il est passionnant à écouter.
La richesse des mélodies, la construction très élaborée des chansons, le son particulier de la guitare (Brian May joue sur une guitare unique qu’il a fabriquée lui-même, dans le bois centenaire d’une vieille cheminée et abuse également d'un ampli trouvé dans la rue et bricolé par Deacon qui donne des sons étonnants), l’appui si caractéristique des harmonies vocales, la finesse de l’interprétation, tout prend forme ici, sous nos oreilles ébahies.
C’est bien avec QueenII que Queen est né et j’irai même plus loin : je crois bien que, dans sa construction et dans sa richesse, « The march of the black Queen » c’est tout simplement la grande sœur de « Bohémian Rhapsody ».
D’autres filiations à peu près évidentes sont faciles à établir .
Si vous aimez le Queen de la période qui précède l’apparition des moustaches de Freddie (en 1980) et le revirement du groupe vers des exigences plus commerciales que musicales qui va avec, ne passez pas à côté de cet album, aussi confidentiel qu’essentiel (et réciproquement).
Créée
le 18 avr. 2021
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