Le bitume avec une flûte

Album sorti en 2012, sans le consentement de l'artiste, Radio Bitume est une compilation distribuée par des producteurs peu recommandables, contenant 15 titres, des essais studio ni mixés, ni masterisés.

«Ce disque ne représente pas le travail de Lino, ce sont des morceaux qui sont censés en fait, être des morceaux pour l'écoute.»
Lino

Rejeté de A à Z par le membre d'Ärsenik, il n'en demeure pas moins un album de rap français de qualité, malgré les morceaux non-aboutis présents, comme Wolfgang dont un couplet sera rajouté plus tard, pour former le vrai morceau finalisé sur le prochain album : Une véritable tuerie. 12ème lettre, lui, traite ici de guerre, et n'a rien à voir avec le morceau éponyme présent sur sa dernière livraison.

Inabouti et produit à l'arrache, si on est pas au courant de l'embrouille, on y voit que du feu-follet, et ça passe comme papa dans enfant. L'absence de transition entre les morceaux et le manque de cohérence dans la succession de chansons, n'est pas dérangeante. Ça peut se consommer comme une mixtape.

Une réédition étant prévu à l'époque afin de réparer l'erreur, l'idée fut vite abandonnée, le mal étant fait. Ce qui nous laissera quand même quelques inédits satisfaisants où ça kick sec, comme 1 Male Dominant, As33 ou Un signer de Paix, mais surtout Radio Bitume et Hors Format qui sont les morceaux majeurs de l'album.

Mais nous avons également des sons plus posés et plus conscients niveau texte comme 12ème Lettre, Césarienne, Jardin d'enfant, ou encore Gospel du Diable et Qui peut comprendre ? (qui deviendront Le Flingue à Renaud, et Fautes de français).

Depuis son premier album en 2005 ou le culte Quelques gouttes suffisent, Lino a vraiment peaufiné son flow pour être en adéquation avec les thèmes. Il a une voix plus lourde, qui crache de façon brute ses rimes qui puent le bitume, et annoncent déjà la couleur du projet Requiem. Ce n'est pas un flow très accessible, mais n'importe quel puriste trouvera son compte.

Bien qu'il soit dénigré par Lino, qui fut utilisé comme un instrument pour essayer de ramener des biftons. Gaëlino M'Bani nous montre qu'il a beau ne pas avoir le pouvoir, il a le talent. Et livre à son insu un album réussit, avec de simples essais studio et des instru' sorties d'on ne sait où, où l'on notera un audacieux sample du refrain des Choristes, un peu trop décalé.

Malheureusement (ou heureusement), l'album Requiem sorti en Janvier 2015, est un véritable choc funèbre, un requiem pour ce bébé non-désiré, qui enterre cet opus en améliorant certains morceaux, comme Wolfgang qui défonce tout. En effet, si bon soit l'album, Requiem reste dans le même esprit, et le surpasse sur tous les points. Lino boxe avec les mots à la perfection, et met K.O la bonne œuvre de son producteur. À la bonne heure !