L’essence même de la musique de Noname repose dans son attitude et son approche. Lorsqu’on l’entend sourire en plein couplet, on entend une voix honnête. On l’entend prendre plaisir à rapper et à se remémorer ses souvenirs d'enfance, comme on l’entend souffrir en dénonçant les injustices du monde.
Sur "Room 25", ses débuts officiels après sa mixtape "Telefone", Noname reste fidèle à sa formule et traverse cet album à son rythme. C’est plein de jazz et de soul, rappelant le hip-hop des années 90, et varie les tons, de l’amusement à la nostalgie, pour aborder de nombreux sujets personnels.
En effet, à l’âge de 26, Noname n’est pas sans son lot de vécu. La native de Chicago (désormais basée à Los Angeles) n’a pas pour habitude d’étaler sa vie privée à travers sa musique, mais elle s’ouvre quelque peu sur "Room 25". Elle souligne l’importance de soi, décrit ses relations personnelles et se heurte au sujet proéminent du racisme.
Sur "Prayer Song" par exemple, on l’entend dire : "I set my cell phone on the dash, could've sworn it's a gun, I ain't seen a toddler in the back after firing seven shots". A travers le rythme de ces paroles, on découvre un côté plus intense de Noname qu’on ne connaissait pas, avec un flow infernal sur de simples percussions rappelant le jazz de Los Angeles.
L’unicité de sa musique repose sur sa voix délicate et attendrissante, même presque rassurante. Il s’agit peut-être de sa cadence de parole peu commune qui nous laisse le temps d’assimiler ses textes, ou de son ton de voix plutôt doux, ou encore de l’instrumentation live qui donne un air plus authentique aux mélodies, rendant la beauté de morceaux comme "Window" et "Part of Me" possible.
On ressent un véritable confort en écoutant Noname rapper. Peut-être est-ce aussi le fait qu’elle soit toujours entourée de ses plus proches amis, avec les très talentueux Saba, Ravyn Lenae, Smino et Phoelix à la production.
Toujours est-il que, sur "Room 25", l’approche est similaire, mais la personne a évolué : Noname documente ses expériences depuis la sortie de "Telefone" en 2016. On le remarque sur la chanson "Don’t Forget About Me" où elle rencontre de nouveaux problèmes comme l’aspect financier de sa vie de musicienne indépendante, ses responsabilités envers ses proches et la peur qu’ils l’oublient, tout un lot d’inquiétudes qui n’étaient pas présents sur ses précédents projets mais qui ajoutent une dimension supplémentaire à sa propre personne.
Sur le dernier morceau de l’album intitulé "no name", on l’entend rire de cela ("labels asked me to sign, say my name don’t exist") tout en restant au cœur du sujet ("no name for people to call me small or colonize, optimism, no name for inmate registries if they put me in prison") pour nous offrir une magnifique conclusion à ce chapitre de sa vie.