Sacrificium - Cecilia Bartoli

Sacrifium, un album très attendu du côté des amateurs de Cecilia Bartoli !
Des attentes différentes qui ont orientées la chanteuse vers le répertoire des castrats, répertoire qui fut quelque peu délaissé depuis le début du XXème siècle à cause de l'arrêt de la castration masculine qui remit totalement en cause ce répertoire.

Devant allier une endurance masculine à la douceur féminine, Cecilia Bartoli supprime sur cet album les différences du sexe pour créer un ensemble détonnant. Réputée pour ses vocalises faciles, la chanteuse ne fait également pas mentir sa réputation ici : on a par conséquent un Son qual nave brillant et précis sur chaque note ou un In braccio a mille furie dynamique et très propre également dans l'éxécution. La chanteuse gère parfaitement son souffle et ainsi nous n'entendons que très très peu de coupures dans les vocalises ce qui lui permet de garder une ligne mélodique souple et toujours maîtrisée. Le côté androgyne de la voix de Bartoli est ici exploité à son maximum et l'on a le droit à des aigus légers et aériens et à des graves, deux octaves plus bas, solides et imposants. Elle confirme par conséquent son titre de "mezzo reine de la colorature".

Avec une technique irréprochable, elle allie également une grande musicalité : gestions parfaites des nuances pianissimo à forte, un legato qui en fait pâlir plus d'un même autour des notes de passage, une homogénéité exceptionnelle des différents registres de la voix, Bartoli se sert de son expérience auparavant acquise pour la réinvestir d'une manière différente ici : on sent une maturité vocale qui dessert parfaitement ce répertoire particulièrement exigeant et qui donne une profondeur difficile à donner lorsqu'il existe une barrière du texte. Le texte sait être parfaitement représenté sans qu'on le comprenne vraiment et cela fait de Cecilia Bartoli une chercheuse qui dépoussière les anciens répertoires et qui les remet à jour avec brio.

Un très bon album, à écouter.