Songs from the Hermetic Theater par Messiaenique
L'avantage d'avoir son propre label, c'est la liberté artistique et la possibilité de diffusion de vos propres œuvres – quitte à gonfler son ego aux stéroïdes. Tzadik nous donne un exemple (im-)parfait d'album expérimental type « système D », dans lequel John Zorn propose quatre pièces oscillant entre la petite dizaine de minutes et le gros quart d'heure, dans le plus pur style boîte à outils et sons rafistolés au chatterton : Songs From the Hermetic Theatre.
Par snobisme, ce disque pourrait bien être qualifié d'une petite excursion électro-noise parmi tant d'autres, reposant en particulier sur le glitch et le dark ambient. Car depuis le début des années 2000 et la démocratisation des logiciels de manipulation de micro-sons, ces albums poussent comme des champignons dans les bacs de musique alternative. Pourtant, celui-ci présente l'avantage déterminant de proposer la première pièce intégralement électronique du maestro (« American Magus ») ainsi que son premier jet dans la musique assistée par ordinateur (« The Nerve Key ») : des compositions qui évoquent à la fois Merzbow, John Wiese et tout un paquet d'artistes qui façonnent le bruit jusqu'à ce que vous en entendiez la mélodie.
Outre une seconde piste très minimaliste en hommage à la cinéaste surréaliste Maya Deren, « Beuysblock » s'impose comme un final bien barré, une sorte de manifeste futuriste dans lequel Luigi Russolo accompagnerait gaiement un court sample d'ensemble à cordes avec les moyens du bord. Les tessitures dissonantes sont rapetassées à cette musique de chambre dans un joyeux bazar. Autant de témoignages autour de la cuisine sonore chez Zorn : elle passe par la chambre, le bureau, le salon et le garage avant d'atteindre nos oreilles. Amateurs de bruitisme, bonsoir.
http://offthebeatentracklists.wordpress.com/2012/05/19/john-zorn-songs-from-the-hermetic-theatre