Sound of zZz
Sound of zZz

Album de zZz (2005)

Nous retenons ces dernières années plusieurs noms affiliés à une scène néerlandaise désormais prolifique. Jacco Gardner en tête de file, le pays des tulipes nous offre une flopée d’artistes atypiques, motivés de rendre compte de l’intérêt des Oranges pour le rock. Un rock qui, sous leur impulsion, prend des formes multiples : acerbe avec The Ex, féérique avec Agua de Annique, frontal avec Antillectual. Mais tous ont en commun la recherche de bouger les lignes musicales, l’envie de brouiller les frontières du déhanché et, surtout, l’amour de l’alternatif. Un élan comme celui-ci, soulevant toute une contrée, est le fruit de précurseurs avisés : zZz serait alors le suspect tout indiqué pour résoudre l’enquête hollandaise. Faites entrer l’accusé.


Formé en 2001 à Amsterdam, le duo, composé de Bjorn Ottenheim et de Daan Schinkel, manie avec une grande agilité l’inventivité et la course qu’il mène le long de leurs morceaux dans leur premier album sorti en 2005, The Sound of zZz. De la même façon que les regards des deux compères mystifient sur la pochette, les sonorités invoquées dès l’entrée, avec O.F.G, nous emportent dans un magnifique tourbillon. L’impression d’entendre un Ray Manzarek sous speed et un Jim Morrison portant la parfaite panoplie post-punk, packaging incluant la voix gueularde, nous fait croire à un cadeau d’anniversaire arrivé en avance. Le tourbillon hollandais n’oublie pas pour autant d’emporter soigneusement ce que la New Wave a apporté en nappes synthétiques, le stoner rock en riffs édentés, Aphex Twin en démesure auditive. Ottenheim frappant droit et sec sur sa batterie, il martèle sa voix lourde, l’égrainant avec subtilité ou poussant la méchante chansonnette à gorge déployée. La véritable spécificité du groupe revient à l’utilisation d’orgues de la part de Schinkel, bien décidé à déconstruire son instrument à l’aide d’effets ébouriffants : Soul témoigne de la férocité de la distorsion, tandis qu’Hammerhead montre la puissance de l’octaver. Cette utilisation novatrice, qui pousse l’orgue dans des retranchements encore inconnus, forge le respect, puisqu’elle bâtit au duo une identité forte, et belle et bien unique. Plus loin encore, The Sounds of zZz porte des possibilités musicales toujours nouvelles, et pousse à croire à l’inventivité hollandaise que le duo Ottenheim/Schinkel a largement contribué à créer. Leur musique truculente rassemble et déconstruit, s’envole du passé pour filer droit vers le futur, détruit pour construire la suite.


Le juge a déjà rendu son verdict.

Débruit
7
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le 5 juil. 2018

Critique lue 41 fois

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