« Le marin qui meurt, et l’oiseau, où est-il ? L’enfant sur la jetée sue des accordéons… » « En fait, bourré, les paroles ça passe… » - Boulet, Note « Let’s rock », http://www.bouletcorp.com/blog/2005/07/07/lets-rock/
Deuxième album de Soan, et après écoute, je ne peux pas m’empêcher de me poser cette question : Soan, génie ou manipulateur ?
On sent bien dans « Sous les yeux de Sophie » les différentes influences de Soan. L’ombre de Mano Solo et de Bertrand Cantat, bien que moins présentes que sur son album précédent (l’excellent « Tant pis ») ne sont jamais bien loin et planent tout au long de l’album. Christian Olivier (d’ailleurs présent sur la première chanson), et ses Têtes Raides sont aussi une influence importante, et ça se sent au niveau des textes, peut-être plus que sur le précédent album.
Mais Soan, ce n’est pas que des influences. Ou alors, il sait bien très les masquer, puisqu’on sent plus un hommage à ses idoles qu’un vulgaire plagiat. Au niveau musical, les mélodies sont belles, et les arrangements tout en retenue frôlent la perfection. Rien à redire au niveau de l’interprétation non plus, j’aime beaucoup.
Je me pose quand même de sacrées questions sur les textes. Après plusieurs (de nombreuses, en fait) écoutes, il m’est venu quelque chose à l’esprit : Soan sait très bien jongler avec les mots et leurs sonorités, il n’y a pas de doutes là-dessus. Mais y a-t-il un sens derrière ces paroles, ou bien est-ce un magnifique coup d’esbroufe, un mic-mac de jolis termes enchaînés mais sans réel sens derrière ? Ses textes ne sont-ils pas volontairement alambiqués pour faire genre « ouais, mais moi, sous mes airs de titi parisiano-parisien rebelle, je suis un poète torturé, tu peux pas comprendre mes textes parce que tu n’es pas dans ma tête. Fais-moi confiance : c’est juste de la poésie et c‘est beau. ».
Exemples : « Elle est étrange il pleut / Z'anges de z'yeux / Les anges pleurent des scalpels / Aux z'anges d'elle je suis maigre et pas qu'un peu / J'hésite "adieu", "rondelles", ou "franges" ou "petits tas" / Aux z'anges d'elle je l'ai su, je ne sais pas »
« Aux heures de bleu brûlent les cheveux d'ange / J'irais nager de toute mes enclumes / Et mange la ta plume pour ce qu'on y change /Toutes les histoires, c'est une histoire elle finit mal /Je me sens pas bien »
Sérieusement, la musicalité des termes est belle, mais peut-on réellement y comprendre quelque chose ?
En conclusion, je continue à me poser la question. Soan, finalement, héros ou escroc ? Est-il un auteur-compositeur-interprète de grand talent ? Est-il un bluffeur hors-pair, qui sait manipuler les codes d’un univers musical légèrement moribond depuis l’implosion de Noir Désir et le décès de Mano Solo ? Est-il un peu des deux, ou bien rien de tout ça ? Toujours est-il que, j’aime cet album, et peut-être plus que le précédent.
