Quand on écoute "Stars", il faut écouter entre les sons, comme on lirait entre les lignes. Et il faut vraiment croire que ça a été conçu par deux physiciens basés en Antarctique sur une basse et un synthétiseur. Ne pas être sceptique, telle est la condition pour accepter Nanocyborg Uberholocaust comme autre chose qu'un délire de geeks sans fond. Certes, c'est difficile, avec un nom d'artiste pareil. Le second degré est amené ici de manière assez grossière, mais heureusement à l'écoute ça marche.


Disons que c'est vraiment en Antarctique que le groupe est établi, qu'il s'enregistre sur l'extrême pôle Sud de la planète, c'est-à-dire le meilleur observatoire cosmique qui soit, là où "The Ultimate Fate Of The Universe" fut découvert, par deux hommes reclus dans le froid et la solitude. En postulant de cette légende, on trouve plus facilement ce que la musique détenait pourtant depuis le départ : une dimension scientifique : derrière chaque sonorité, il y a une description, une leçon sur la matière, un profond-dit sur ce qu'elle dissimule. Les meilleurs exemples ici sont "Betelgeuse" et "Cephei", deux essais méta-bruitistes sur l'espace temps, les quatre dimensions, et la lumière astrale.


Le public y verra de la musique drone, ce que c'est, matériellement parlant. On a un bourdon, source de mystère. Ce mystère se vit, il n'y a aucune preuve rationnelle. Il n'y a pas non plus d'analyse à faire. La science conventionnelle est prise à revers, les phénomènes ne sont pas expliqués noir sur blanc, ils sont décrits, reproduits et ressentis. Au centre de chaque morceau, une couche de vent, qui évolue jusqu'à dérober l'espace scénique, telle une tornade confinée dans une boîte. Le ridicule de cette boîte, le paradoxe, renvoie à l'absurde de la pochette et du titre. La couche venteuse agit comme un interstice qui fait communiquer les autres éléments entre eux. Comme une sphère majeure qui régit les sphères mineures.


Bien sûr, il y a l'humour, c'est même le point d'accroche. Il faut bien avouer que c'est drôle sous plusieurs aspects, cette histoire de héros partis sur le pôle magnétique de notre astre pour rendre en musique une étude comparative des autres. Et puis la pochette, l'habillage, le côté mégalo qui transpire l'arnaque à plein nez, tout ça a un côté grotesque. Mais sincèrement, les yeux dans les yeux mes frères, cette œuvre est une grande leçon de poésie. Je prierai donc au prochain fan de Nirvana qui l'écoutera de ne pas mettre 1/10, ça n'aurait aucun sens. D'ailleurs moi-même, je sais pas trop quelle note mettre, ça vaut minimum 4 déjà, mais je vais tabler sur 9 ou 10 histoire de signer mon soutien à la démarche et à l'expérience. Je recommande de mettre une bonne note comme moi si vous voulez vraiment avoir l'air d'un mec extrême, sinon tant pis retournez écouter In Utero c'est pas si merdique que ça mais bon.

Vilain_officiel
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le 5 mars 2017

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