Still Life
7.3
Still Life

Album de Kevin Morby (2014)

"I am trying to make peace with where I am"


Entre 2013 et 2014, Kevin Morby a voyagé plus vite que la musique. Il a tourné avec les Babies, avec Woods. Il a défendu son premier album solo à travers le monde. Il a fait ses valises et quitté Brooklyn. Durant cette période mouvementée, il a quand même trouvé le temps d'écrire de nouvelles chansons. Avec Still Life, on le retrouve épuisé mais enfin paisible, échoué sur la côte californienne.


J'avais adoré Harlem River et ma crainte initiale, c'était que ce successeur arrive trop vite, soit bâclé, l'oeuvre d'un stakhanoviste en plein burn-out. Kevin m'a rassuré dès le premier titre. "The Jester, The Tramp & The Acrobat" est une ballade qui donne le ton : oui, il y aura de la torpeur mais elle sera joliment exploitée. La voix se fait plus lancinante, le groupe est toujours plus ou moins dans le coltard et les escapades fougueuses du premier album sont remplacés par une ambiance de coucher de soleil.


C'est peut-être une recette moins efficace mais, sur le long terme, encore plus attachante. On suit un songwriter qui doute, qui tourne en rond et retombe presque toujours sur ses pattes. Les tempos des sautillantes "Ballad of Arlo Jones" et "Motors Runnin" sont comme le dernier sursaut d'énergie d'un Kevin au bord de l'écroulement, qui cherche un endroit où reposer enfin ses vieux os. Et à partir du superbe et tout simple "All of My Life", l'album change de ton. L'échappée belle se transforme en une série de confessions.


Confessions romantiques (l'émouvant "Bloodsucker"), tragiques (le lancinant "Drowning"), bibliques ("Amen", prière où la voix se fait plus dylanienne que jamais). La ritournelle "Dancer" est un miracle d'arpèges et de voix superposés, une fragile cathédrale folk conciliant John Martyn et les Fleet Foxes. La berceuse "Our Moon" enchaîne les trouvailles sonores et le clou du spectacle reste la complainte "Parade", chanson la plus accessible et la plus réussie de Kevin Morby.


Still Life est un album d'insomniaques, de voyageurs en transit. Une bande-son pour ceux qui cherchent une maison, un endroit où se reposer.


"Here comes a new day with its sun, oh, its rise"

Créée

le 29 déc. 2016

Critique lue 178 fois

3 j'aime

1 commentaire

dylanesque

Écrit par

Critique lue 178 fois

3
1

D'autres avis sur Still Life

Still Life
mediamus
6

Critique de Still Life par mediamus

Chanteur & songwriter aujourd'hui vivant à Los Angeles, Kevin Morby a fait partie de deux groupes de Brooklyn The Babies et les Woods. Still Life est son 2ème album après Harlem River (2013) sur le...

le 24 nov. 2014

1 j'aime

Du même critique

The Knick
dylanesque
8

Critique de The Knick par dylanesque

Quand j'ai entendu parler du projet pour la première fois, je m'en foutais. Une série médicale historique sur Cinemax réalisé par Steven Soderbergh et avec Clive Owen ? Non merci, je ne regarderais...

le 11 oct. 2014

15 j'aime

1

Les Sept de Chicago
dylanesque
5

Is this prosecution politically motivated?

On peut pas demander à un centriste amoureux des institutions d'écrire un travail sérieux sur le procès de la gauche radicale. Juste recycler ses dialogues pour les faire réciter par de bons acteurs,...

le 18 oct. 2020

14 j'aime

4

7 Days in Hell
dylanesque
8

Critique de 7 Days in Hell par dylanesque

Putain je m’étais pas marré comme ça depuis au moins Broad City. "7 Days in Hell" est un téléfilm ovni diffusé sur HBO. Sous la forme d’un documentaire sportif (et reprenant parfaitement les codes...

le 14 juil. 2015

14 j'aime