« I've got to get myself together [gether, gether], We carved our names to last forever [ever, ever] » Qui ne connaît pas Public Access T.V. ne peut pas savoir à quel point cette introduction du morceau « Shell N°2 » est addictive.


En fait, le deuxième album de ce quatuor new-yorkais est un concentré de tubes en puissance. Street Safari est un album solide, efficace, qui dégage une conviction contagieuse à travers l’ardeur de chacun de ses titres. Public Access T.V. se classe dans l’aile la plus péchue et optimiste du post-punk, aux antipodes d’un Joy Division, et peut soutenir la comparaison avec des aînés tels que les Talking Heads ou les Psychedelic Furs.


Bien plus qu’un album de post-punk, c’est une synthèse des voisinages de ce genre dans leurs déclinaisons joyeuses. A commencer par le punk, car il ne faut pas renier ses origines… « Rough Boy » s’inscrit dans la filiation du punk brut et pressé des Ramones et Sex Pistols, tandis que sur « Ain’t no Friend of Mine », le groupe poursuit plutôt la tentation pop-punk léchée à laquelle les Clash ont succombé sur « Lost in the Supermaket ».


Sur d’autres morceaux comme « Safari (In My Head) », « Told You Too Much » ou « Lost in the Game », le groupe effectue un mélange étonnant de post-punk et de funk, ce qui donne lieu à des créations entraînantes qui rappellent un peu Elvis Costello. Dans le même esprit, « Metrotech » et « Wait It Out » flirtent avec la disco. Ces morceaux tissent la continuité avec un genre voisin du post-punk dans sa déclinaison « new wave ».


Avec des titres alliant retenue et explosion comme « Your God and Mine » ou « Meltdown », la frontière avec le rock indépendant des années 2000 est également mince. En écoutant cet album, on comprend mieux pourquoi le rock de groupes comme les Strokes, Libertines ou Arctic Monkeys a été qualifié de « post-punk revival ».


Bref, Public Access T.V. ne se range pas aisément dans les cases prédéfinies. Et c’est tant mieux ! L’édifice du rock gagne en accomplissement avec ces musiques revigorantes qui brouillent les lignes sans en avoir l’air. Plutôt que de genres, parlons de styles. Public Acces T.V. a le sien, avec des nuances qui n’appartiennent qu’à lui : quelques claviers new wave, des chœurs, un saxophone, une touche de mélancolie… Et cette voix du sympathique chanteur John Eatherly : une voix chaleureuse qui scande les syllabes avec précision.


Il y a également dans leur musique un caractère très urbain, reflété par le titre de l’album. On sent que c’est un groupe qui vit dans son monde ; ils poursuivent la longue tradition de ceux qui « racontent » New York par leur vécu. De là à se la raconter, il n’y a qu’un pas, que Public Access T.V. ne franchit heureusement pas.


Street Safari est donc un disque captivant, source de satisfaction intarissable pour les oreilles. Les clés de la réussite sont connues : exigence dans la composition, inventivité dans la production et talent dans l’exécution.

Créée

le 21 déc. 2018

Critique lue 58 fois

Critique lue 58 fois

Du même critique

Starless
Kantien_Mackenzie
10

And the sign signals emptiness for me...

Si vous cherchez des réponses à des questions telles que… Pourquoi dit-on que l’Angleterre l’emporte largement sur la France dans le domaine du rock ? A quoi reconnaît-on une écriture surréaliste...

le 11 avr. 2015

48 j'aime

5

Rubber Soul
Kantien_Mackenzie
10

Introspection, psychédélisme et émancipation

1965 est une année décisive en musique, en particulier pour un quatuor déjà mythique qui livre en quelques mois d’intervalle deux de ses plus grandes pièces. Si Help! était le sommet de ce que John...

le 11 mai 2014

27 j'aime

1

Atom Heart Mother
Kantien_Mackenzie
9

Du psychédélisme au rock progressif

Tout le monde sait que Pink Floyd a réalisé "l'album à la vache", mais le contenu exact de cet album est injustement méconnu. Pourtant, c'est l'une des pierres angulaires du rock progressif,...

le 11 mai 2014

26 j'aime

1