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Cet album se situe dans la continuité des deux précédents (Things have got to change et Attica Blues), il fait part belle au Gospel, au blues et au rhythm’n’blues. Ce choix artistique est probablement motivé, non seulement par le désir de redonner vie à l’essence de la culture noire américaine, mais aussi par l’ambition de diffuser avec efficacité un message revendicatif. C’est donc sans surprise que l’on remarque un chœur, une section de cordes et un grand orchestre de jazz. On retrouve ici également beaucoup des protagonistes qui se sont illustrés sur l’album précédent. Sans entrer dans les détails on remarquera l’étonnante prestation de Ron Carter à la basse électrique. Cal Massey, qui propose ici deux de ses compositions, et qui a pris une grande part à la réalisation et à la conception de cet album, décèdera peu de temps après, les notes de pochette lui rendent un hommage appuyé et mérité, l’album lui est dédicacé.


L’album commence par Rest Enough (Song To Mother), un gospel dans la tradition, signé Archie Shepp. Peggie Blue assure la partie vocale et dialogue avec les chœurs, la basse électrique de Ron Carter fait merveille, on note l’absence de Shepp sur ce premier morceau.
Changement d’atmosphère pour A prayer de Cal Massey, extrait de The Black Liberation Movement Suite, œuvre majeure du compositeur. C’ est un instrumental dans lequel figurent toutefois des chœurs, le morceau est très beau et solennel, l’esprit de Charlie Mingus souffle, Shepp y délivre un très beau solo bluesy, comme il sait si bien le faire.


All God's Children Got A Home In The Universe est à nouveau un gospel composé par Shepp, dans lequel il cite le très classique « Go Down Moses », très court, très traditionnel et très efficace.
On retrouve Joe Lee Wilson sur The Lady, dans un registre très émouvant, gorgé de tristesse et de blues… Shepp se montre un partenaire très à la hauteur, le ténor renforce de façon poignante les sentiments de désolation qui envahissent l’auditeur.
The Cry Of My People de cal Massey ouvre la seconde face, il emprunte au Gospel, au blues et au be bop en une suite où les genres se télescopent avec bonheur. La composition orchestrale y est tout à fait majestueuse et dramatique.


African Drum Suite de Beaver Harris est absolument magnifique, après une introduction chantée par Joe Lee Wilson qui forme la partie un, Archie Shepp improvise sur un fructueux tapis rythmique tendu par la batterie de Beaver harris, les percussions de Nene Defense, la basse de Jimmy Garrison et le piano d’Harold Mabern. Nous voilà plongé dans les rythmes Africains, pour quelques envolées plus free qui nous ramènent aux joies des temps plus anciens, peut être le meilleur morceau de l’album, huit minutes trop brèves qui auraient tout aussi bien méritées un plus grand développement, tant le temps, ici, semble contacté.


La reprise, usuelle chez Shepp, d’un standard Ellingtonien nous permet d’entendre Come Sunday chanté par notre crooner de Joe Lee Wilson. Je le préfère personnellement dans un autre registre, mais il faut reconnaître qu’il y met beaucoup de conviction. Le solo de Shepp qui suit est absolument parfait, on y entend, en résumé, tout son style, la particularité de son phrasé et la beauté déchirée de son timbre. Un des sommets de l’album.
A nouveau un très bel album de Shepp, le dernier qu’il fera pour Impulse.

xeres
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le 5 mars 2017

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