The Death of Quickplace, c'est l'apothéose d'un groupe qui, jusqu'ici, avait fait éclabousser son talent et son éclectisme, sans y mettre l'ordre nécessaire pour arriver à une reconnaissance méritée.


Autant prévenir tout de suite, la traversée sera remplie de surprises troublantes et de moments de bonheur auditif.


L'album débute par un capharnaüm étonnant et joyeux, The Loballong Song, où une bataille harmonique de guitare, batterie, synthé bizarre en accordéon et violon fait rage, avec en accompagnement la voix hurlante, presque agonisante et lointaine de Nina Pascale. Cette impression de fanfare peut en un sens abasourdir, surtout au sortir d’une première écoute. Aussi, si l’on pense avoir affaire à une œuvre homogène, ou si l’on est en attente de morceaux dans la même lignée que ce morceau introductif, on peut être perplexe et douter de notre envie de poursuivre.
Mais The Death of Quickplace a plusieurs visages ; et les deux morceaux qui suivent, They don’t shoot horse don’t they et Climbing a Hill, constituent certainement le moment le plus appréciable de l’album. Le son se fait bien plus épuré, surement plus respirable.


Avec They don’t shoot horse don’t they, (https://www.youtube.com/watch?v=gHaDeoOK4Oc) on assiste à une montée en puissance très bien menée jusqu’à l’éclatement. Les guitares se mêlent parfaitement à la voix faussement gauche du meneur Tom Cullinan, qui utilise celle-ci véritablement comme un instrument. Avec Climbing a Hill, on peut apprécier la magnifique association vocale de Tom et Nina, deux voix trainantes, qui semblent lassées. Parallèlement, les basses et guitares nous offrent encore une fois une symbiose sublime et mélancolique, en étirant leur partition sur onze minutes qui ne seront jamais assez longues, malgré des répétitions mélodiques. Mais ces dernières sont trop brodées de variations pour qu’on en soit ennuyé. Les mélodies sont assez simples mais diablement séduisantes, à tel point qu'elle réjouirait le plus triste des coeurs.


On a à peine eu le temps de retrouver nos esprits que l'on doit maintenant faire face à Munchers no munchers. Ici, ils reviennent à une musique plus expérimentale, plus brutale et entièrement instrumentale. Mais désormais, avec ce que l'on vient de vivre, on a des raisons d’être plus tolérant, et plus ouvert à se livrer corps et âme aux expérimentations du groupe, qui, finalement, ne se vivent pas si mal. D’autant plus que, au fil des écoutes, ces morceaux d’abord jugés étranges et peu accessibles auront un certain charme.
Puis vient Gloriana, on se sent bien, détendu, sous les tropiques. Mais gare ! Une averse peut ne pas prévenir, et pourra s'amplifier… alors à ce moment-là, peut-être envisagera-t-on une danse hystérique sous la pluie.
The Munchers, le maillon faible à mon sens, est une ballade assez simple et mélodique. Après ça, on se retrouve à nouveau allongé sur une chaise longue, se pavanant au soleil avec Rose. Mais cette fois-ci, vous avez été prévenu et ne vous ferez plus avoir : vous avez prévu votre parapluie. L’album se termine par deux courts morceaux, Lob it, avec ce violon triste, répétitif dans sa mélodie, qui sera bientôt accompagné tour à tour par la batterie, amenant de la gaieté, puis par ce synthé étrange et enfin par cette guitare électrique à la sonorité orageuse, avant de se calmer progressivement. Mais la tempête, sous 4, reprend de plus belle pour finaliser cette expérience singulière, avec des allures de Métal, comme s’il avait manqué de l’éclectisme à cet album…


The Death of Quisplace, une pépite trop méconnue, annonce littéralement sa fin de la plus belle des manières, jonglant superbement entre finesse, douceur et folie expérimentale.

Stéphanson
9
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le 12 oct. 2016

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