David Murray And The Gwo-Ka Masters Featuring Taj Mahal – The Devil Tried To Kill Me – (2009)
Où David Murray rencontre à nouveau la formation guadeloupéenne « The Gwo-Ka Masters », avec laquelle il avait déjà sorti l’album « Gwotet », en compagnie du vénérable Pharoah Sanders. Il en avait été question par ici. Il existe également un autre album, « Yonn-Dé », de deux mille deux, que je n’ai pas encore écouté.
Pour que la fête soit belle, et elle l’est assurément, un autre invité de prestige en la personne de Taj Mahal, apporte le velouté de sa voix, qui s’entend dès la seconde pièce, « Africa ». Ils sont une bonne dizaine de musiciens réunis pour participer à la célébration de cette rencontre, dont le batteur Renzel Merrit, venu de la West Coast, d’où vient Murray également, qui s’intègre petit à petit.
Après un passage à Ste Lucie pour régler les derniers petits détails, l’équipée débarque en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre, dans les Studios Deb’s. C’est là le lieu du rassemblement entre les Afro-américains et les Guadeloupéens, troisième rendez-vous pour jouer un mix de musique inédit au monde, une musique nourrie de ses multiples racines aux couleurs nouvelles, jusqu’alors restées inconnues.
Les raisons de ces rencontres ? Christian Laviso, le guitariste, explique : « Entre le Jazz et le Ka, il y a des tubes communicants […] Les Américains ont perdu le tambour, pas nous les Marrons. C’est ce qu’ils cherchent ici : les rythmes et les mélodies de l’ancestralité ».
David Murray prend bien garde à ne pas tomber dans le « revivalisme » et s’inscrit dans une musique actuelle ou même du futur. « Ce que j’ai trouvé en Guadeloupe, ce sont les tambours, leurs forces de percussion, mais aussi tout ce qu’ils racontent. […] Il faut se souvenir qu’ici ils ont été indépendants pendant près de dix ans, presqu’un siècle avant les Afro-Américains aux Etats-Unis. »
Alors sur cet album se mélangent toutes ces traditions et ces musiques diverses, en un melting-pot inédit et étonnant. Et puis il y a Taj Mahal qui chante avec sa merveilleuse voix, mais il est juste d’ajouter Sista Kee, chanteuse également extraordinaire, sur « Southern Skies » et le magnifique « « The Devil Tried To Kill Me » d’Ishmael Reed.
Alors c’est également funky, soul, et dansant, les tambours ancestraux sont réveillés et assurent une dynamique absolument infernale, qui permettent à David Murray de sortir les solos enfouis, vers la plus grande liberté, bien que, le plus souvent, il se fonde dans la masse. L’électricité est également présente, deux guitares et une basse sont branchées au flux maudit, et ça envoie… Mention également à Rasul Siddik et sa trompette, qui le mérite.