The Dreamer
7.7
The Dreamer

Album de José James (2008)

Trompette. Contrebasse. Piano. Batterie.
Tout est en place. Tout est pesé, posé.

Aux cordes la base, discrète, mais solide.
Aux percussions les vagues sonores, qui viennent délimiter l'espace dans un va et vient aussi subtil qu'hypnotisant.
A la trompette la première envolée. Courte, compacte, mais libre.

Ne reste plus qu'à accueillir la voix. Non, pardon : LA voix.

"I saw the dreamer
Raise his hands
Into a world of possibilities"

Ce dreamer, c'est l'auditeur. Lui qui en quelques accents de voix, quelques souffles déviés par des pistons, quelques pincements de doigts sur des cordes aussi obéissantes qu'elles sont libres, se trouve à rêver d'un ailleurs magnifique. Comme un explorateur découvrant un nouveau continent. Un nouveau monde.

Il ne faut pas plus d'une phrase prononcée pour qu'il oublie tout le reste. Seul compte le voyage intérieur.

7 minutes et 4 secondes plus tard, la musique s'arrête, nous laissant comme une personne hypnotisée qui reviendrait à elle et se rendrait compte qu'elle est en lévitation : incrédule et vulnérable face à un phénomène hors du commun. Vite, que la voix reprenne pour qu'on ne retombe pas. Qu'au moins les cordes de la contrebasse résonnent à nouveau pour qu'on se raccroche à elle. Que ce silence cesse, vite !

Le deuxième paysage a beau être plus plus concret, plus construit, on reste du voyage. Le troisième apportera de toute façon plus de swing, de mouvement. Le suivant introduira de la guitare, du rhodes, une nouvelle diction moins planante, plus technique. Le flow élastique, instable provoque une tension presque funky sur un instrumental un peu plus en retrait. Il ne faudra pourtant pas longtemps à Jose James pour revenir à une structure plus traditionnelle. Quelques notes de piano plus sombres, et nous voilà revenus au point de départ.

Pas la peine de continuer dans le détail. Car malgré une structure assez similaire dans tous ces morceaux, une seule chose nous saute aux oreilles : la richesse et le talent de Jose James. A l'aise quel que soit le message, les instruments en présence ou le rythme qu'ils impriment, la voix tient la barre, et c'est elle qui nous transporte à chaque fois. Aux instruments d'apporter les teintes, mais les décors sont déjà mis en forme par le chanteur. On ferme les yeux pour profiter du paysage sonore dans les meilleures conditions.

Et s'il y a bien un morceau où on n'est pas près de les rouvrir, c'est Desire. C'est sans conteste l'une des plus belles chansons que j'ai entendues. Belle dans la douceur indéniable du début, dans la concrétisation musicale d'une passion brûlante et enivrante, dans les envolées confiantes, dans le ralentissement rassurant de la fin. Et surtout, il y a les paroles. Je serais poète, je maudirais Jose James pour ce texte qui me pousserait obligatoirement vers la retraite prématurée. Comment après cette chanson peut-on encore écrire sur la rencontre amoureuse ? Je préfère ne pas me le demander et écouter à nouveau ce titre sublime.

Je vais d'ailleurs de ce pas m'isoler pour l'écouter en boucle, et avoir ainsi le sentiment que cet album absolument parfait est infini. De la musique comme elle devrait toujours être : inspirante et inspirée.
G_Savoureux
10
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le 17 janv. 2012

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