"Join Couchsurfing to see Zachariah's full profile. It's free!"

Il est assez difficile de trouver des informations sur internet concernant Zachariah Holte. Un bandcamp évidemment, quelques discussions 4chan demandant un free download de The History of Flesh, quelques mentions de l’album ici et là.


Le lien le plus intrigant est sûrement la page couchsurfing du monsieur. On y apprend qu’il aime à voyager hors des États Unis, que la pratique du couchsurfing est pour lui un outil primordial pour l’ouverture à de nouvelles amitiés, en toute confiance et stimulation personnelle.


Cependant, The History of Flesh ne sonne à aucun moment comme l’oeuvre d’un brave type heureux de se mêler aux autres. L’ensemble est terriblement malsain et névrosé, fruit du travail d’un autiste enfermé dans une chambre fermée à double tour au fin fond du Texas.


J’ai découvert Zachariah Holte suite à un tweet de Jamie Stewart (Xiu Xiu) parlant de l’album comme un des plus audacieux qu’il ait pu écouter ces dix dernières années. Tu m’étonnes. On ne peut s’empêcher de penser à JS et Scott Walker à l’écoute du disque. Holte s’inscrit clairement dans le registre de ces chanteurs à l’expressivité vocale décomplexée, n’ayant pas peur d’une surenchère de lyrisme dégoulinant (frôlant le drôlatique) posée sur des compositions musicales claustrophobes et déconstruites. J’avoue être assez client de la recette et très souvent fasciné.


"Ines" introduit l’album de manière magistrale. On est tout de suite fixé sur le fait que la voix de Zachariah s’imposera tout au long du disque. "Ines" intrigue par ses silences, ses superpositions de voix parlée et chantée. Ce premier titre constitue une entrée en matière dérangeante et impressionnante dans la variété des émotions que dégage(nt) le(s) chant(s) de Zachariah.
S’en suivent des compositions toutes aussi déconcertantes. "I Am All of Us", délicate, "Wine and Heresy", montée en puissance progressive sur une guitare douce puis enragée.
"A Triptych" s’engouffre dans les catacombes, cauchemardesque de cris et d’une berceuse enfantine troublante, accompagnée d’une voix de femme aux mots réconfortants. Une atmosphère que l’on retrouvera dans le titre final, "The History of Flesh", ces deux morceaux étant sans aucun doute les moins accessibles. Malgré leurs subtilités, ils restent somme toute difficiles à pénétrer.


Entre les deux, il y a les 14 minutes de "From Which I Drink", où Zachariah, sur son piano, exp(l)ose sa palette vocale surpuissante. Morceau d’une beauté tragique et lyrique, point culminant sans retenue, où l’on s’essouffle, ou l’on geint sans gêne, avec folie et un noeud en gorge, et toujours ces mêmes notes de piano venant ponctuer l’ensemble avec fatalité.


Holte, couchsurfer texan, dort sur le canapé de bien des comparses : on entend le Michael Gira d’Angels of Light à certains moments, et Stewart et Walker comme déjà énoncés précédemment. J’en suis même venu à penser à Anna Varney Cantodea dont le personnage, dans mes années adolescentes, m’intriguait par son caractère hautement secret. Holte —loin du gothique grotesque hein, heureusement— est tout aussi déroutant d’hypersensibilité de mystère mêlés.


En somme, on regrettera parfois la difficulté de certains passages trop fermés pour être réellement appréciables. Mais The History of Flesh est un disque riche, contrasté, violent, passionné, et d'une grande sobriété et subtilité en ce qui concerne les instrumentations.


Zachariah, inconnu d’internet, chant cathartique, brouillages et névroses sonores, cherche amis à rencontrer pour couchsurfing rigolo.


http://zachariahholte.bandcamp.com/album/the-history-of-flesh

dt____drm____
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le 6 août 2015

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