The Insulated World et sa cover flippante arrive 4 années après le somptueux Arche, qui nous parlait à ce moment de rêves, de lumière et de renaissance. Des titres comme Sustain the Untruth ou Rinkaku sont devenus cultes, joués dans la plupart des concerts qui ont suivis, même s'il est parfois difficile de suivre leur logique de tournée puisque le groupe aime ressortir de vieux morceaux oubliés.


Arche était donc un album onirique et aérien (Kaishun...) qui s'arrêtait tout de même avec un peu de violence sur Revelation of Mankind. Autant dire que la violence arrive à pleine bourre avec le premier titre de ce dixième album puisque Keibetsu to Hajimari est le digne successeur headbanguant de Rasetsukoku. Le son est tout de suite plus brut, presque gênant. On y entend des enchaînements étranges, la voix de Kyo complètement en roue libre, alternant sans pause entre voix de tête et cris gutturaux. C'est aussi dans les paroles, beaucoup plus violentes, que cette ouverture montre son impact.


Ce premier titre nous éloigne totalement de l'ambiance de Arche et c'est confirmé avec le titre suivant Devote my Life. Avec une guitare en guise d'alarme et une batterie monomaniaque, ce second titre semble complètement dissonant et j'ai eu beaucoup de mal à l'apprécier. La chanson prend un peu plus de sens en s'imprégnant des paroles dans lesquelles Kyo s'excuse de vivre auprès de ses parents. De l'optimisme en barres. Plus abouti, le titre suivant constitue le premier single de The Insulated World, Ningen wo Kaboru que l'on peut traduire par Wearing Human Skin, nom de la première tournée - européenne ! - de ce dixième album. Plus entraînant mais assez classique dans sa conception.
Le quatrième titre est la première bonne surprise de l'album. Celebrate Empty Howls affiche un riff entraînant et des percussions étonnantes sur certains passages. La voix de tête de Kyo prend des envols très Arche-iens au moment du refrain.


Le cinquième titre est bien connu des fans, puisque c'est un nouvel enregistrement de Utafumi, sorti deux ans auparavant (et c'est aussi ma petite préférée). Si on se doutait que cet album affichait des titres assez décousus, ce cinquième titre ne fait que confirmer cette impression. Mais c'est à partir de cette chanson que je me suis dit que cet album est taillé pour le live. Le titre débute par un mini-couplet suivi d'un larsen qu'on imagine facilement accompagné des poses appréciées du groupe et des fans (hey c'est du Visu à la base quand même). Le titre s'achève dans le bourrinage des meilleurs jours de Diru. La première partie de cet album s'avère assez violente et même déroutante. Il m'a fallu de nombreuses écoutes pour anticiper les transitions et simplement les apprécier. C'est aussi dans les paroles, extrêmement pessimistes, que cette première partie détone par rapport à Arche.


Le sixième titre, Rubbish Heap est d'autant plus étrange avec des transitions encore bien chelou où il est question de lever son poing face à l'adversité (j'imagine). Ou alors c'est une ode au fisting, ce qui ne serait pas non plus étonnant chez Dir en Grey.


Il faut attendre le septième titre pour trouver un titre plus traditionnel (pour Dir) avec Aka. Le titre est le digne successeur de Arche, très aérien, emmené par les solos de Kaoru dont on ne se lasse pas. Cette chanson est aussi la classique "ballade sans cris". C'est bien un album de Dir en Grey. Cette chanson arrive à la moitié de l'album et rompt clairement avec la première partie, les paroles sont plus légères et oniriques, tout comme le son.


Bon ok, Values of Madness débute par un dégoût des gens, mais bon l'essai d'optimisme était noble. Ce titre renvoie à des périodes un peu sombres du néo-métal même si on ne peut pas négliger le côté punchy de la batterie. S'ensuit Downfall dans laquelle Kyo cherche du sens. La chanson est assez entraînante, on imagine bien le chanteur se casser les reins sur sa petite estrade tout en chantant gaiement. Classique pour du Dir. Followers est une chanson pour les fans. Les paroles sont très orientées vers l'avenir et l'espoir, on passe d'un début meurtrier à des messages d'espoir. Le titre se révèle malheureusement assez classique bien que les 30 dernières secondes de calme soient assez étonnantes.


Le titre suivant, Keigaku no Yoku est plus calme et froid. On note la présence de sons électro assez proche de Arche. Les accélérations soudaines et le retour au calme aussi soudain sont très efficaces. C'est ce qu'on aime chez Dir, cette alternance rythmée entre les chœurs criés et la performance du chanteur. Le titre est assez proche de Behind a Vacant Image de l'album précédent. L'avant-dernier titre, Zetsuentai tranche par sa longueur (plus de 7 minutes contre 2 à 4 minutes pour les autres titres) et passe par plusieurs phases à l'instar du mythique Vinushka. L'intensité succède à l'émotion dans les deniers instants. Ce morceau est certainement l'un des plus complets et contemplatifs.L'album s'achève sur l'un des single, Ranunculus, au clip très coloré. Alors que The Insulated World débutait sur la mort, il s'achève sur la vie et la renaissance. La chanson est donc très lumineuse, sans cris et au refrain entêtant.


On peut faire une description musicale bien plus minutieuse des titres de The Insulated World, toujours est-il que le mixage et le son général sont décevants par rapport à Arche. L'album précédent était bien plus puissant et homogène. Ce dixième album est plus brut, plus violent, il use de moins d'artifices. Il n'est pas rare d'entendre les échos à d'anciens titres bien connus. Très pessimiste au début, il offre cependant une histoire de résistance, de renouveau en s'éloignant (un peu) du style gore qui a souvent caractérisé le groupe. Alors qu'on pensait que Kyo allait ménager sa voix, je pense qu'on ne l'avait pas entendu autant crier depuis The Marrow of a Bone. Les titres sont bien moins contemplatifs et montrent une efficacité formidable en live. Des chansons fédératrices comme Utafumi ou Values of Madness fonctionnent parfaitement. Le jeu scénique si particulier du groupe transcende des chansons assez moyennes comme Devote my Life. Il suffit de regarder les dernières setlist pour se rendre compte que Dir souhaite casser des nuques avec l'inclusion de bons vieux titres tels que IIIrd Empire ou Beautiful Dirt. On ne peut que rester admiratif devant une telle inconstance musicale. On prend The Insulated World en pleine face, on ne l'aime pas, puis on revient vers lui, on comprend un peu le message, on entre dans les headbang et l'énergie et soudain, tout fonctionne. Bien que le groupe n'ait pas changé depuis plus de 20 ans, chaque album est différent et les émotions, aussi variées soient-elles, sont intenses et bien présentes.

Pseek
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le 19 oct. 2018

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