J'ai même pas réussi à dire ce que je voulais.
C'est avec cet album que j'ai découvert Patrick Wolf, oh merci petit article tout minuscule d'un magazine de musique dont je ne me souviens plus le nom. J'avais bien fait d'aller au CDI ce jour là.
L'article parlait des nouveaux musiciens indé-anglais, et mentionnait le jeune Patrick en ces termes de "troubadour flambloyant" (il y avait une photo de lui avec ses cheveux effectivement flambloyants, et son haut à sequins).
Troubadour?
Flamboyant?
Je ne sais pas si c'est un coup de maison de disque comme dirait King Ju mais l'artwork ne représente absolument pas l'album. Alors ouais, pour un single de Magic Position, ça fonctionne très bien mais ce disque est bien plus sombre qu'il ne le laisse paraître.
En pistes glauques, on a quand même : "The Bluebell", "Bluebells", "X" (The Kiss), "Magpie", "Augustine", "Secret Garden".
Tout le milieu de l'album. Finalement, c'est comme un tunnel.
Overture avec son énergie, mais qu'on sent se réveiller après un long sommeil.
"SHOOT BANG FIRE", "Magic Position", la seule vraie chanson inscouciante et joyeuse de l'album avec "Get Lost". Mais quelle chanson, c'est l'accord majeur incarné, c'est HA, une ligne mélodique qui décolle comme un deltaplane. La chanson qui devrait passer dans toutes les soirées pour faire des rondes et frapper ensemble dans nos mains!
Après il commence à y avoir du sang, des bleus, de la sueur et les urgences. "Accident&Emergency" (un petit défaut de mixage (?), je monte toujours le son pour cette chanson, je ne sais pas si c'est moi qui a besoin de l'écouter plus fort ou si c'est elle est réellement moins forte) garde une énergie électrique positive mais un peu punk (A&E : 2 accords principaux) et trop téméraire genre "lalala dites ce que vous voulez de moi, je m'en fous, je continue de sourire haha"! D'ailleurs Patrick a raconté qu'une fois, alors qu'on lui cherchait des noises à l'école, il s'est apporché de son agresseur en essayant de l'embrasser, et bien sûr, les saligauds ont eu vite fait de décamper.
Et après c'est vlam. Dépression. Mais racontée avec une distance qui fait que ça devient de la poésie, ou un conte, quelque chose de beau et triste en tout cas. Ce j'aime particulièrement dans la musique et les paroles de Patrick Wolf, c'est que c'est très visuel. Ça vient peut être du fait que ses albums hésitent entre l'autobiographie, l'autofiction, et le conte mystique/mythologique.
Je passe "Magpie" et "Augustine" qui sont belles à pleurer, sinon on aurait encore 2 gros paragraphes et cette critique est suffisamment longue comme ça!
"Secret Garden" est particulièrement éprouvant, c'est une espèce de spirale qui fait "down", "down", "down" et finit en arrêt cardiaque. A l'époque, je n'avais encore jamais ressenti d'émotions aussi fortes en écoutant un morceau (même si j'avais déjà pleuré sur de la musique classique en Petite Section ce qui inquiétait la maîtresse).
"Get Lost" a été ma chanson d'amour préférée pendant quelque temps, juste parce que ça parle d'une errance urbaine qui inclut des ballades à vélo, une sortie ciné-mais-finalement-non et restons-chez-nous-parce-que-le-prix-des-verres-en-ville-c'est-un-crime. Encore plus naïf et gamin que "I wanna hold your hand", il fallait le faire.
Seule "Enchanted" me semble dispensable dans cet album. J'ai jamais trop compris ce petit style jazzy qu'il se donne, mais bon, c'est chou quand même. Cela dit, l'album se termine à la nuit tombée. J'ai parlé d'un tunnel mais on y ressort quand même dans le noir. C'est toutefois une nuit appaisante d'été avec des étoiles qui scintillent et un sentiment doux et nostalgique ("The Stars" + "Finale"). Parfait pour s'endormir.
