The Mother of Virtues par Hororo
J’ai l’impression que cela fait des années que je n’avais plus entendu de groupe de metal extrême technique et original. Pourtant, Portal et Ulcerate figuraient dans mon top des meilleurs albums de l’année passée mais aucun n’était aussi démonstratif, et presque rafraichissant, que Pyrrhon.
Avec ses décharges de blast et ses riffs de guitares discordant, The mother of virtues ramène Relapse Records à ses heures de gloire où le metal extrême technique et original était à l’honneur. L’époque où des groupes comme Cephalic Carnage, Brutal Truth, Human Remains ou The Dillinger Escape Plan sortaient des albums révolutionnaires de metal décomplexé et étrange. Le label a laissé ce genre aux mains du label Willowtip mais il faut bien avouer que les sorties de celui-ci restent bien trop souvent confidentiels.
C’est donc avec le retour de Gorguts sur la scène international que Pyrrhon arrive un deuxième album très inspiré par l’album Obscura et ses déviations free jazz imprévisibles. The mother of virtues me rappelle aussi beaucoup l’album Dowsing anemone with copper tongue de Kayo Dot quand le tempo ralentis et laisse place à des expérimentations plus douces mais tout aussi hallucinées. Comme si les univers de Salvador Dali et de Francis Bacon c’était croisé le temps d’une toile. De quoi perdre la raison si on était amener à s’abandonner dans cette univers où règne un chaos harmonieux en instabilité constante.
Malgré le niveau de technique des musiciens, aucun ne prend le dessus pour prouver sa valeur et tous s’activent à créer un univers et pas juste une collection de riffs et de rythmes complexes. En revanche, une fois plongée dans ce disque, on n’y trouve pas de porte de sortie. Les structures s’articulent selon une grammaire bien personnelle dont seul une écoute prolongée permettra d’en comprendre la logique. De quoi en faire un disque de chevet pour y revenir régulièrement et relever à chaque fois de nouveaux détails. The mother of virtues ravira les oreilles les plus aventureuses et laissera froid les plus réfracataires à la bizarrerie. Une nouvelle preuve que l’on peut encore sortir du neuf de l’héritage laissé par Gorguts il y a seize ans.