Un album de Bowie a toujours été le mélange parfait pour passer une bonne soirée. Ballades langoureuses et lounge, énergie festive et drame de champ de bataille. Et si personne n’est déçu et aucune critique n’est négative, ce n’est pas par sympathie envers Ziggy Stardust ni par nostalgie chaussée de Dr martens. Cela vient seulement d’une réussite calculée et parfaitement maitrisée. Celui que l’on croyait un pied dans la tombe à cause de problèmes de santé en 2004 était simplement tapi dans l’ombre d’une réussite savourée. Préparant son grand retour avec patience et passion, ne laissant rien filtrer jusqu’à la sortie du single Where are we now le jour de son 66 ème anniversaire. Victoire totale, média en ébullition, fans en déambulateurs à l’appui, et chimère d’une génération marquée.
Et Bowie nous prouve son talent dès le premier titre, éponyme, contenant toute la force des oeuvres passées. Energie communicative, rythme dansant tiré du rock’n'roll, voix qui reste inchangée à travers les ages. The next day est un condensé de rémanence sensible annonçant une permutation en puissance. Une instrumentalisation qui laisse place à une ambiance blues/jazz, laissant de côté les synthés facultatifs qui emplissent la pop actuelle.
Si les sujets des textes sont loin d’un quelconque engagement social c’est pour mieux se concentrer sur un univers intimiste proche du quotidien de chacun. Parfois d’une violence sensitive intrigante (Love is lost) ou à l’inverse proche d’une naïveté pleinement pardonnée (Valentine’s day) les mots accompagnent allégrement le son d’un éclectisme saisissant. Bowie joue sur tous les tableaux et visite le panel du rock entre slows au romantisme dévasté (Where are we now ? ) et combativité discontinue (I’d rather be high)
Le mixage sans accrocs contribue, avec tout ce qui l’entoure, à faire de cet album un éblouissant come back. A la fois moderne et magnifiquement ancestral, il laisse derrière lui la trainée poussiéreuse de l’attente. Celle d’un retour sous la lumière des projecteurs.