Rétrospectivement des 10 albums de Felt, Strange Idols pattern and other shorts stories était le seul susceptible de connaitre un succès commercial important. Un son de guitare clair et sophistiqué comme pratiqué chez The Smiths (Spanish house, Crystal ball), des grandes mélodies qui font le succès des singles de Cure (l'hymne Sunlight bathed the golden glow), un artwork ténébreux et esthétique comme chez Joy Division. Beaucoup d'ingrédients étaient réunis pour faire sortir le groupe de Birmingham de l'underground auquel il a été assigné dès ses débuts.


C'est le premier grand rendez-vous manqué avec le succès pour Lawrence, leader dont la bizarrerie fait passer Morrissey pour Simply Red. Il avait pourtant tout bien pensé, après deux courts albums âpres et froids, si distants qu'ils semblent avoir été imaginés dans le seul but de rebuter les gens cherchant une alternative à Spandau Ballet et à cette saloperie de nouveaux romantiques. Le groupe lance une opération séduction de grande ampleur qui aurait du les couronner comme un grand groupe post-punk abonné au Top of Pop.


Produit sur le label Cherry Red, par John Leckie, l'homme derrière le premier Stone Roses ou encore The Bends de Radiohead, et qui a effectué un travail remarquable (évidemment pas du goût de Lawrence). Strange Idols est ultra accessible sans jamais être facile pour autant.


Pourquoi l'album ne s'est-il pas vendu ? Pourquoi le reste de la discographie a connu la même indifférence ? Pourquoi Lawrence a perdu espoir et s'est fourvoyé les concepts albums pouet pouet et s'est détruit avec les drogues ? Difficile à dire. Peut-être que le son est encore trop arty, que les références sont trop bibliques et imbitables, que cette voix nonchalante et monotone à la Lou Reed horripile (après enquête autour de moi c'est surtout ça). Peut-être que l'époque préférait des groupes pop plus clinquants et sexués, moins cérébraux et plus chaleureux. Peut-être que les quelques titres hispanisants, et les instrumentaux semblèrent très dispensables ou déconcertants. Peut-être qu'il n'y avait pas la place pour eux, qu'ils n'ont juste pas eu de chance, comme il n'y avait pas la place pour les Pale Fountains, dont le relatif anonymat est une autre injustice des année 80. Peut-être que ces chansons n'étaient appelées à bouleverser qu'une poignée de gens.


Bien sûr, les très bonnes choses ne demeurent jamais cachées éternellement et la presse est désormais dithyrambique au sujet de Felt, et des artistes aussi divers et variés que Belle and Sebastian, Jarvis Cocker, The Tydes, ou The Charlatans se prosternent devant le génie de Lawrence.


Mais l'admirateur aura toujours un goût amer en songeant à ce qu'aurait pu devenir ce groupe si un brin de succès avait pu les porter durant cette décennie maudite. Période avec laquelle Lawrence réglera ses comptes avec Denim dans un style diamétralement opposé et pas toujours heureux.


En trouvant une formule 100% anglaise mélangeant paroles brillantes et drôles et un son easy listening cheap des 70s, il a finalement montré la voie royale à Pulp qui trouva un succès mondial en suivant les consignes à la lettre.... Encore cocu, Lawrence n'aura rien de rien à part une nouvelle étiquette d'artiste culte et maudit à ajouter à son impressionnante collection.

Negreanu
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le 18 août 2019

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