To the Bone
6.9
To the Bone

Album de Steven Wilson (2017)

Steven Wilson est de retour avec un nouvel album solo : To The Bone. L’enfant adoré du rock progressif en est tout de même à son cinquième album solo, sans compter sa faste carrière dans les rangs de Porcupine Tree et autres projets. Réputé pour ne pas respirer la joie de vivre, Wilson promet un album plus pop que ses prédécesseurs, sans pourtant délaisser les éléments progressifs et les sujets de société pas bien rigolos.



« Mon cinquième album est, de bien des façons, inspiré par les albums
de pop progressif hyper ambitieux que j’ai adoré durant ma jeunesse
(pensez à So de Peter Gabriel, Hounds Of Love de Kate bush, Colour Of
Spring de Talk Talk et Seeds Of Love de Tears For Fears). Au niveau
des paroles, les onze pistes proviennent du chaos paranoïaque de
l’époque actuelle, dans laquelle la vérité peut apparemment être une
notion flexible, des observations de la vie quotidienne des réfugiés,
terroristes et fondamentalistes religieux, et une dose bienvenue de
certaines des évasions les plus joyeuses, aux yeux écarquillés, que
j’ai créé dans ma carrière à ce jour. Quelque chose pour toute la
famille ! » – Steven Wilson



À première vue ça sent le roussi. Cette déclaration de Wilson aurait très bien pu être écrite par un terminal littéraire* tant elle semble peu inspirée. De plus, la thématique de l’album semble partir dans tous les sens. Problématique pour album de rock/pop progressif non ? (pour de vrai, pas forcement).


Je ne vais pas y aller avec le dos de la cuillère : je ne suis pas fan de Steven Wilson. J’ai même un peu de mal à comprendre le statut de prince du rock progressif qu’on lui prête bien souvent. Pourtant, le dernier mini/album de l’artiste (4 ½) avait fait mouche et m’avait plu. Allez Steven, rien n’est perdu !


** Pas de panique les terminales L, vous êtes les meilleurs !*


Coquille vide.


Pour commencer l’album, Wilson nous re-pompe l’introduction du célébrissime « Time » des Pink Floyd avec « To The Bone ». Vous la sentez la référence un peu trop appuyée ? Celle qui se voit comme une grosse tache de ketchup sur une chemise blanche ? Accrochez-vous, c’est pareil sur le reste du morceau ainsi que sur une bonne partie de l’album. Pourtant, s’inspirer des travaux des autres est au cœur du processus créatif. Mais dans le cas de cette introduction, nous sommes en face d’un clin d’œil aguicheur assez indélicat. Heureusement, le morceau est assez rythmé et entraînant. De quoi faire avaler la pilule. Ça passe pour cette fois Steven…


Le gros souci avec la musique de Steven Wilson ne réside pas dans ses compositions qui sont assez recherchées et intelligentes. Le vrai problème c’est la production de ses disques. Une production encore plus lisse que les tubes pop que l’on peut entendre sur les radio mainstream. Il n’y a aucun parti pris artistique sur la production. Alors oui, c’est très joli, tous les instruments sont bien enregistrés et ça sonne parfaitement. Mais ça manque cruellement de personnalité. Au point où on a l’impression d’écouter des backing tracks sur YouTube.


Ce souci de production rend le disque totalement amorphe et dénué de sensations ou sentiments. C’est un truc froid et sans âme. Le seul moment de production qui prend son envol se trouve sur la fin du morceau « Pariah », où Wilson lâche les reines et ajoute un peu de relief sur ce paysage assez ennuyeux.


Surprise.


Wilson ne mentait pas quand il avait annoncé que l’album aurait des accents pop plus prononcés. Et il faut avouer que le morceau « Permanating » est surprenant tout en étant assez réussi. Bon, ce n’est pas le meilleur morceau pop que l’on ait entendu ces dernières années, mais ça fait du bien d’entendre Steven Wilson faire autre chose que du Steven Wilson. Le voir sortir de ses gimmicks en devient très agréable tout en obligeant le musicien à pousser sa créativité un peu plus loin. Pour une fois la production s’adapte très bien avec ce genre de musique. Malheureusement, c’est le seul vrai titre pop de l’album.


« People Who Eat Darkness », quant à lui bien plus rock, est également une belle réussite. La progression du morceau est parfaite et Wilson y met enfin un peu d’envie dans son chant et dans ses intentions de jeu. Un titre écharpé qui vient briser la monotonie de ce cinquième album.


« Song Of I » n’est pas dénué d’intérêt non plus. Ses inspirations plus sombres et torturées bénéficient d’une instrumentation sobre et pleine de justesse. Bon ça tient pas le coup face à un Trent Reznor ou un Devin Towsend (sur « The Death Of Music »). Qu’on se le dise, les textes de Wilson volent pas bien haut. Du moins, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre.


Malheureusement, ce n’est pas To The Bone qui va me faire aimer la musique de Steven Wilson. Bien que j’y trouve certaines qualités. La production trop sage et les inspirations trop appuyées m’empêchent pourtant de rentrer corps et âmes dans l’album. Sans oublier que les textes ne m’évoquent aucune émotion. C’est donc assez stoïque que je laisse Steven Wilson sur le bord de la route, en attendant de le revoir pour un prochain album et lui laisser une énième chance de me séduire.


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Valentin_Lalbia
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le 18 août 2017

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