Tokyo Taiga par Messiaenique
Makigami Koichi (巻上公一) est un artiste aux talents divers : tour à tour acteur, réalisateur, producteur, compositeur et interprète. La plupart de ces travaux restent inconnus du large public, en dépit d'un caractère tout à fait original qui attire l'attention dès les premiers instants. Bien que ses premiers faits d'armes remontent aux années 80, il infecte la scène musicale underground la décennie suivante, avec notamment Koroshi no Blues, sorte d'avant-pop boostée aux platines. Dès le milieu des années 90, période ô combien propice au développement de la noise tokyoïte et de celle made in Chicago, il parvient à signer son premier album chez Tzadik, intitulé Kuchinoha. Une écoute assez difficile, dont on ne ressort pas forcément indemne :
En 2010, Tokyo Taiga est son quatrième album sur le label zornien, qui offre des expérimentations beaucoup plus douces et harmoniques que la furie vocale de ses précédents efforts. Accompagné de Bolot Bairyshev et de Sato Masaharu, Makigami Koichi montre son talent de défricheur de sons. Au-delà de ses habituels bidouillages, il se cantonne davantage au domaine du chant que dans le registre vocal-noise ; les timbres des instruments changent à chaque morceau, de la guimbarde au thérémine en passant par des instruments traditionnels. Ce mélange audacieux s'avère payant – ce qui n'est pas toujours le cas avec la série "New Japan" ; peut-être est-ce parce que cette fois, les compositions prennent le temps de développer des ambiances hypnotiques, même quand les incantations sonnent plus brut.
Ceux qui préfèrent les pérégrinations vocales de l'artiste attendront les dernières pistes de l'album pour se refaire une santé. Il s'agit toutefois du meilleur disque que le bonhomme ait pondu depuis le début de sa carrière – tout du moins, le plus accessible.
http://offthebeatentracklists.wordpress.com/2012/04/11/makigami-koichi-tokyo-taiga