Un soir, j'étais assis sur mon canapé, plutôt une nuit, vers deux ou trois heures du matin. Encore une insomnie, encore. Un moment propice à des découvertes musicales, à me laisser embarquer pendant une petite heure à une boulimie musicale, espérant pouvoir trouver le sommeil après avoir calmées les musiques en constante rotation dans ma tête, tel un jukebox illimité, où les morceaux ne durerait qu'une trentaine de secondes, puis remplacé par un autre, alternant entre morceaux écoutés ce jour-là, morceaux ancrés dans ma mémoire, et morceaux que je n'arrive pas à me sortir de la tête... J'étais là assis sur mon canapé, tel un Proust n'arrivant pas à trouver le sommeil dans son lit, espérant que la chandelle énorme qui se nomme le soleil daigne pointer le bout de ses rayons, alors qu'en regardant sur l'horloge accroché au mur, il n'était que deux heures et demi du matin, environ. Je me suis souvenue d'un cadeau que l'on m'avait fait pour mon anniversaire, le cadeau d'une inconnue chez qui j'habite désormais, et dont je suis le touriste de vie, continuant d'apprendre a la connaître chaque jour, sans m'en lasser. Cette inconnue connue m'avait fait le cadeau d'un album de psapp, groupe fasciné par les chats, par les bruits étranges et insolites, par les jouets, tout ce qui se rapporte à notre enfance. J'avais aimé cet album, le laissant tourner sur ma platine des jours entiers, mais je n'avais jamais pris le temps d'explorer, d'être le touriste de leur musique. Alors, vers ces deux trois heures du matin, j'ai allumé mon casque, lancé l'album, et ai contemplé l'immeuble en face de chez moi pendant les 55 minutes de musiques ininterrompue. J'en suis venu à la conclusion que nous sommes tous des touristes, sur cette terre, évidemment, mais à une échelle plus locale aussi. Nous sommes les touristes de la vie des autres, certains sont contents de nous voir, pour d'autres nous sommes les touristes indésirables, ceux qui parlent fort dans le métro, qui pensent que tout leur est dû, que le monde tourne autour d'eux. Ceux là sont les touristes de leur propre existence. Alors psapp s'adressent à eux, prenez le temps de contempler le monde avec les yeux d'autrui, avec les yeux de deux musiciens obsédés par les chats, et comprenez que vous n'êtes que des touristes. Nous sommes que de passage ici, profitons en pour tout explorer, tout voir, tout écouter, tout sentir, tout toucher, tout goûter. L'important étant de ne pas être touriste de notre propre vie, l'important étant de créer une belle histoire, quand bien même simplement une histoire, sans autre adjectif. Psapp nous le demande gentiment, peut être devrions nous l'essayer.
J'étais assis sur mon canapé, et je me suis endormi paisiblement, vers 3h30 du matin, les musiques se sont calmées, le jukebox c'est enfin éteint, et j'ai pu être le touriste d'un rêve dont je ne me rappelle pas, mais qui, j'en suis sûr, devait être beau.