Véridique... Quand Vera rencontre Meurglyss

D'abord la pochette unique dans la carrière de Peter. Une somptueuse nature morte. Le reflet des tables de backstage (ordonnée par contrat) avec sa nourriture mais à l'époque des troubadours. À l'intérieur les véritables tables modernes de backstage, quelques photos de desserts ou de déjeuners, des bagages, des fromages et des scènes. Aussi la complicité des musiciens, “l'empty stage ” et un Do not disturb annonciateur...C'est le fun, ces souvenirs de tournées... ce one way trip... maintenant plongeons dans ce dernier live accompagné d'un musicien...


Em 1999 Hammill tourna au Québec en duo, avec Stuart Gordon au violon, je fis la tournée et elle fut belle et bonne.Ce disque est tirée sur 3 années , justement le 7 /11/ 99 aux États-Unis et 30/03/2001 en Israël , et Hollande 8/12/2004. Ce duo tourna pendant une bonne dizaine d'années comme Hammill l'indique sur les notes de pochette, il était normal qu'un live voit le jour. Après tout Stuart peut mettre le feu à la scène avec son violon, nommé Vera. Et je ne sais pas si la guitare acoustique de Peter s'appelle encore Meurglyss mais la rencontre est jolie à nommer...Un beau couple...


Hammill nous livre ici un live avec des nouveaux morceaux jamais publiés en concert à l'exception de A Way Out Et Primo On The Parapet. Suite logique de sa démarche artistique qui se veut différente à chaque soir quant au choix de son répertoire. Et c'est aussi un peu à cause de cela que l'album a des faiblesses. Certaines chansons n'ont pas la force et la puissance des chansons des années 70 ou 80 mais restent intéressantes à découvrir live....car très différentes.


A Better Time(04) et Gone Ahead (04) qui ouvrent l'album sont jolies mais faiblardes...


L'album se réveille avec Driven (99), un titre plus fort de la nouvelle époque et du dernier album fascinant de Hammill. Cet album entièrement à la guitare porte les derniers feux étonnants du maître. Driven est un des meilleurs morceaux et Stuart y joue son rôle de souteneur fou à la perfection.


Nothing Comes (01) du somptueux Everyone you Hold donne l'occasion à Stuart de s'éloigner de la version studio. Bien sans plus.


Amnesiac est tiré de deux concerts (2001 et 2004) assez étonnant. Évidemment impossible de dire où commence quoi ? C'est le premier morceau vraiment fort. Tiré du très punché X My Heart , Hammill a l'occasion de se faire aller les cordes vocales dans la plus pure tradition “hammillienne”. Le violon donne tout son sens au mot live. Sa finale est endiablée sur les cris de l'homme amnésique.


Nightman (2001) tiré de This remplit certaines promesses qu'il avait sur ce merveilleux album. Angoissant, mystérieux, rageur aux instruments. Mais il passe moins bien que sur la version studio où Jaxon était le 3 ème musicien , propulsant le morceau.


Like Veronica (2001) est assez hallucinante. Le violon devient presqu'une guitare électrique et la puissance du sujet, l'abus sexuel, est décuplée par le stage et aussi par Stuart qui n'était pas sur la version studio. Faut entendre quand Hammill chante “ he is only in love with his fists” (il est seulement en amour avec ses poings) Le mot poing atteint les limites de la violence du chant. Le morceau devient presqu'aussi insoutenable que la violence du thème. Une des perles de l'album.


Bubble (2004) qui avait Banton à l'orgue sur la version studio , se voit remplacé par le violon doux qui fait contraste avec les nappes d'orgues dévastatrices de Banton. Toutefois la folie apportée par ledit violon et sa majesté rend le morceau captivant. Hammill explose vocalement et sait aussi se faire très doux. Une autre perle.


Il y a avait longtemps qu'on attendait une version Live officielle de Easy To Slip Away . Les collectionneurs avaient toutefois la version de Skeleton Of Songs de 1978 qui était superbe. Mais surtout l'incroyable version de juin 78 à l'Outremont de Montréal sur piano à queue et où Hammill avait enchaîné Easy to Slip Away avec Refugees et cette version avait paru sur le très rare pirate : Farewell My Lovely. Pour l'histoire, je produisais ce concert et j'avais demandé à Hammill s'il enchaînait des fois encore ces deux morceaux. Il m'avait répondu : “ ça fait très longtemps que je l'ai fait”. Et il le fit et cela fut sublime. Après le show je le remerciai et il me répondit “ Il faut toujours faire plaisir au producteur”... Mais revenons à cette très belle version qui méritait d'être publiée, ne serait-ce que pour l'impérial violon de Stuart. Un grand moment de l'album.


Et voici venir Primo Sur Son Parapet (2001) évidemment sur Primo Levi, le rescapé des camps de concentration qui se suicida. La version est plus retenue que celle dévastatrice live de 93(There Goes The daylight), elle est jouée en Israël ...est-ce cela qui propulsa Hammill dans cette version étonnamment douce? ou la seule combinaison guitare acoustique /violon ? Toujours est-il que cette chanson méritait une deuxième version en concert. Un autre bijou de l'album .


Shingle Song (99) n'avait jamais connu la consécration sur un live. ici avec le violon de Stuart ,cela s'imposait grandement. La version dure 1 minute de plus et c'est évidemment Stuart mange ce temps avec son violon. La voix est belle mais pas aussi belle que sur l'originale. Par contre durant la finale elle se réinvente et nous fait oublier, par sa tristesse profonde, les splendeurs du passé. Reste que Shingle Song est le plus beau moment de l'album justement à cause de sa finale qui s'étire avec ce : “ No no no no...”.


Et l'on termine avec le bouleversant A Way Out (99) (voir ma critique de l'album Room Temperature pour l'histoire de la chanson). Bon ici d'emblée ça va être difficile de faire plus grandiose que sur Room Temperature , live de 90. On est tout de même 10 ans plus tard et sans basse. Et c'est un peu ce qui se passe pour un fan comme moi, je ne puis oublier la première version en concert. Celle-ci a pourtant d'énormes qualités et mérite en effet d'être sur l'album, surtout pour son magnifique duo central piano/violon (autour de 4.30) . Il y a aussi quelque chose de très intime qui s'en dégage, plus intime que sur RT. Mais comme le dit Hammill dans les notes linéaires, il n'y a pas de version parfaite ou d'édition définitive d'une chanson. Et la dernière envolée du violon, qui clôt l'album est tout simplement à couper le souffle.


Hammill dans les notes fait le point: “ sa quête est d'aller sous la peau de chaque chanson à chaque soir, changeant... et que ce cd se dresse comme une évidence de cette quête entreprise avec ce vaillant compagnon. J'espère que vous la trouverez fidèle à la vie”


Oui , un miroir captivant de ces vaillants compagnons ...quand Vera rencontre Meurglyss mais peut-être pas tout à fait à la hauteur de ce que la rencontre promettait sur disque.

RockNadir
8
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le 23 juil. 2020

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