Got in my Mercury and drove out west, pedal to the metal and my luck to the test

Un disque sombre, incroyablement sombre, malgré son sofa inondé de couleurs chaudes, amer aussi, pourtant la canne à sucre et les kakis persimons sont évoqués dès la track one, Fruits of my Labor.
"Take the glory any day over the fame".
C'est au final ce qui restera peut-être comme testament de Lucinda Williams, chanteuse de country multiforme, capable d'également manier le blues, le rock, et surtout une synthèse personnelle et parfaite de tout son univers. Carrière longue, irrégulière, débutée dans l'anonymat de la musique rurale et traditionnelle, qui atteint son apogée intime avec un style plus idiosyncratique et consensuel (période Car Wheels on a Gravel Road, ce qui constitue à l'heure actuelle son chef d'oeuvre le plus unanimement proposé) ; carrière qui s'enfonce alors, qui se métamorphose en traversée du désert, et qui refleurit au début des années 2000.


Les fleurs du mal


"Lean over the toilet bowl, and throw up my confession
Cleanse my soul, of this hidden obsession" (Ventura)


"I guess out of the blue
You won't cross my mind
And I'll get over you
(Overtime)"


"Scorpions crawl across my screen
Make their home beneath my skin
Underneath my dress stick their tongues
Bite through the flesh down to the bone" (Those Three Days)


You get the tone.
Cette renaissance, elle tient plus du lys noir que de l'anémone.
Word Without Tears est le travail d'une apnéiste, qui vient de survivre à une certaine période de temps coupée de la lumière, de la compagnie des hommes, de l'avenir ; ces vibrations sonores qu'elle nous envoie, comme de petites bulles d'air qui remontent le long d'un câble tendu à l'extrême, elles nous parlent de la vie ici-bas, avec cette voix profonde, rauque, brisée et sublime, qui ne peut appartenir qu'à Lucinda.


When life gives you lemons...


Elle a enduré, souffert, et transformé sa douleur en cette catharsis musicale.
Williams livre presque un album christique, au sens le plus mythologique du terme, épuré de message, de culte, juste une transmission nette et puissante de la douleur que provoque la Vie si proche de l'Abysse.
Elle ne sera peut-être pas sauvée.
Elle ne sera sans doute pas reconnue à sa juste valeur.
Elle risque de continuer de morfler encore quelques années.
Mais elle l'accepte ; elle l'accepte et veut inviter les douleurs des autres dans la Sienne, les enlever, les élever.


"How would bruises find
The face to lie upon
How would scars find skin
To etch themselves into
How would broken find the bones" (Word Without Tears)
Que serait un monde sans pleurs ?
Sans doute un monde sans musique.
Small price to pay.

lucasstagnette
8
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le 24 oct. 2016

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Lucas Stagnette

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