So très charmant my dear !

Je ne m'étais jamais approché de la carrière de Queen en détail auparavant. Je connaissais les titres les plus connus, et j'avais de la sympathie pour le groupe, comme la plupart des gens, car il est plutôt rare de rencontrer quelqu'un qui n'aime pas quelques unes de leurs chansons.

A Night At The Opera est l'album où il y a Bohemian Rhapsody, et c'est la raison pour laquelle j'ai commencé la discographie du groupe de Queen avec cet album et pas un autre. Sauf que, comme d'autres critiques l'ont déjà dit avant moi, le reste de l'album qui reste souvent dans l'obscurité est tout aussi jouissif. A ma première écoute j'étais tellement émerveillé que, quand Bohemian a commencé j'ai trouvé que ça faisait tâche. Oui, carrément.

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que déjà, Bohemian ne fait évidemment plus tâche dans mon esprit maintenant, mais aussi et surtout qu'elle représente complètement l'ambiance de l'album : un mélange d'opéra, de drama teinté d'un humour bien marqué et de paroles complètement décalées. Roger Taylor préfère sa voiture à sa femme dans I'm In Love With My Car («Told my girl I'd have to forget her»), le suicide est évoqué avec légèreté sur Death On Two Legs, presque tout est imprégné d'absurde et de désinvolture.

Par ailleurs, chaque membre du groupe s'implique à fond dans le disque, et c'est énormément plaisant d'entendre les voix de Brian May, de Taylor ajoutées au puissant timbre de Freddie. Même John Deacon, qui ne chante pas, a lui aussi écrit un titre, You're My Best Friend, qui bien que moins entraînant que le reste, est tout de même sympathique. En plus d'être bon chanteur, May fait preuve d'une grande poésie sur '39 avec sa mélodie douce et ses rimes efficaces, et surtout The Prophet's Song, 8 minutes de pur bonheur incluant un solo de guitare et des chœurs un peu envahissants.

Les titres décalés sont signés par Freddie donc, avec Lazing On A Sunday Afternoon et Seaside Rendezvous et ses petites expressions françaises («Fantastic, c'est la vie mesdames et messieurs !»). Des paroles très naïves, disons-le, mais terriblement entraînantes à chanter (vous ne pouvez imaginer ce que ça donne quand je suis seul à la maison). Mercury sait aussi se montrer intime, notamment dans Love Of My Life, évoquant brièvement un amour passé. Et ce petit passage de guitare à 2:48, mais qu'est-ce que c'est beau.

Les mélodies virevoltent dans l'esprit, les enchaînements, les différents mouvements entre lyrisme, hard rock, envolées d'opéra ; un peu de harpe, beaucoup de piano, A Night At The Opera est mon remède contre les mauvais jours, du bonheur enfermé dans un disque avec une boîte CD qui ne se referme pas correctement (mais ça c'est mon problème, héhé).