Marillion est pour moi un groupe qui a marqué mon adolescence. Découvert à l'écoute du live mythique The Thieving Magpie (The Gazza Ladra) qui couronnait une tournée pharaonique de plusieurs années (1988), c'est ce groupe qui m'a familiarisé avec les morceaux fleuve de plusieurs dizaines de minutes. Qualifiés à tort de clones de Genesis, leur style musical est complexe. Surfant à la fois sur la vague du rock néo-progressif, leurs compositions sont souvent tintés d'un peu de pop, et encore plus depuis le changement de chanteur à la fin des années 80.


Ce groupe est d'autant plus respectable qu'ils ont réussi à s'affranchir progressivement des maisons de disque pour mieux proposer des morceaux non formatés de 3/4 min, supposés être diffusables en radio. Encore mieux, cela ne les a jamais empêché, avec plus ou moins de réussite dans le temps, à remplir des sales immenses, sur leur simple non, sans aucune publicité et en assurant eux-mêmes leur promotion.


La force de ce groupe, c'est qu'à la différence des grands groupes des années 70/80 tels que Police ou Genesis, ils n'ont jamais splitté, même lorsque Fish, le premier chanteur mythique de ce groupe, est parti effectué une carrière solo non moins intéressantes. D'ailleurs, pendant de nombreuses années, j'ai boudé Marillion pour me concentrer sur les albums très intéressants de Fish, ultra bien produits et avec un univers assez sombre dépeignant en toile de fond la société dans laquelle nous vivons.


C'est donc avec grand intérêt que j'ai découvert ce live, sorti au printemps 2018 et capté dans cette salle mythique qu'est le Royal Albert Hall. Tout y est : les compositions fleuves, la voix ultra riche de Steve Hogarth, les solos envoutants de Steve Rothery. Le seul que je trouve un peu en léger décalage, c'est leur batteur Ian Mosley. Pourtant formidable dans le live précédemment cité (The Thieving Magpie), hyper technique et complexe, je le trouve ici un peu mollasson, limite en retrait des autres, un peu comme s'il peinait à accrocher le tempo. Je sais que c'est pourtant la marque de fabrique de certains batteurs, de jouer bien au fond du temps pour mieux donner un sentiment d'inertie à la musique, de rondeur, mais ici, comparé à sa virtuosité de la fin des années 80, je le trouve juste moins efficace. Ses fill tombent souvent à plat, les trouvant pour certains à côté de la plaque. La sonorisation de son instrument n'est elle aussi pas très au rendez-vous, les cymbales cristallines des années 80 ayant laissé leur place à des sons plus étouffés, ne mettant pas du tout en valeur ses magnifique séries A Custom (de Zildjian)... Lorsque j'ai visionné le live, j'ai en partie compris pourquoi : Mosley a positionné ses cymbales de façon très inclinée vers son kit (c'est un choix) et du coup l'attaque à la baguette est moins franche et incisive.


Pour autant, ce live est une pépite. De nombreux morceaux frisent les 20 min, la marque de fabrique de Marillion est ultra respectée, notamment avec des compositions complexes, syncopées, construites avec des ruptures, et surtout des solos de Steve Rothery à faire pâlir David Gilmour. Cette musique s'écoute soit avec un ensemble de son HD ou un casque pour mieux profiter des effets de surround.


Aussi, si vous ne connaissez pas ce groupe, foncez, vous ne devriez pas le regretter... Si tant est que 20 minutes d'affilées ne vous fassent pas peur !

ArnaudCDrmnt
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le 21 oct. 2018

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Arno CD

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