All That Was Promised
7.5
All That Was Promised

Album de Hath (2022)

Quand on parle de death metal, la scène est large de ses origines, surtout aujourd'hui. La Suède et les USA en sont deux des fondamentales du genre, Hath officiant comme "arrière petit-fils" de la seconde.

Je découvre le groupe avec cet album, ce qui in fine, me permet de faire une critique des plus neutre. Cet opus est le second LP après un premier EP datant de 2015. Et malgré sa récente mise en route sur la scène obscure, car il n'y a pas dix ans, force est de constater que Hath œuvre dans la qualité artistique.

Tout d'abord, la composition. Si Hath ne révolutionne pas le style (le peut-on encore ? ) death metal (avec des tendances blackened et progressives), il se révèle être un groupe muni de beaucoup de bonnes idées d'écritures. Les titres sont sacrément bien foutus dans cette fournaise. Cela crée beaucoup d'espaces, avec une dynamique renversante. Cela fait que les titres ne se ressemblent pas. Et c'est assez rare dans le genre pour le souligner. Les arrangements sont profonds, et la recherche de composition donne déjà sens à la narration.

Les textes sont sombres, mais assurément d'un style poétique. De plus l'introspection que l'écriture sous-entend est indéniable. Donc il y a du sens, profond, qui sourd. Et ce sens vient pourfendre tout préjugé, toute idée même que le metal extrême se limite à un cri de rage, sans pensée. Bien au contraire, la surface agressive montre une sensibilité profonde à l'écoute de ce qui se passe en ce for(t) intérieur, ce tout étant ramené avec une langue métaphorique.

Le son, rappelant la scène suédoise pour le coup, est bien dosé. Il crée un contour à la puissance. Celle-ci, comme une épée bien maniée, peut vous prendre par surprise grâce au grand art de cette composition dont nous avons dit du bien. Les aérations, les ambiances, sont finement ciselée dans le détail, n'oubliant pas que l'auditeur est aux aguets de toute pointe acérée qui pourrait le surprendre. Mais rien n'y fait. Le talent de Hath est exactement à cet endroit-là, sur cet album en tout cas.

On pourrait donner des noms qui suent à travers les plages qui défilent, sans encombre. On pense à Opeth et Entombed. Oui, des suédois qui auraient influencé des américains. Et alors ?! C'est de la musique. Les plus pointus pourront aussitrouver quelques traces de Nile, notamment dans l'aspect extrême et orchestral. On pense infine à Death, car les fondations restent ce qu'elles sont dans l'Histoire du genre et de la musique. Mais ces éléments de comparaisons sont toujours vains, j'aime régulièrement à le rappeler. Ils ne servent qu'à indiquer au lecteur, celui encore ignorant de ce dont on parle, quelques repères dont il pourrait avoir besoin pour aller visiter Hath. On peut se laisser aller à l'écoute de cet album, il est sans danger pour qui aime le (blackened progressive) death metal. Il en va d'ailleurs de même pour les étiquettes ci-devant étalées : elles sont toujours faites pour titiller la fibre identificatoire de celui qui ne connaît pas. Et comme l'inconnu angoisse toujours un peu, on a besoin de se rassurer. Rassurez-vous, ce n'est que du death metal.

Et tout ce qui a été promis dans le style vous sera donné dans cet album. Tout, mais avec une indéniable personnalité, et un lourd talent. Cet album, construit en 9 actes redoutables, est difficile à décrire. Il provoque, chez moi c'est certain, des images d'une puissance inouïe. Des sensations venant du fin fond de ma personne me surprennent dans cet album, même après trente ans d'écoute métallique studieuse. Et quand j'ai lu les textes, j'ai compris qu'on y était ! C'est encore plus fort de constater cette congruence entre une œuvre et ce qu'elle vous procure comme réaction.

Un rugissement, une cathédrale sonore, une mêlée explosive, un éveil dans l'émoi, une flamme tout au fond de soi, un navire et son drapeau en pleine tempête...

Cet album est un "Hath trick" !

Budokick
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Death-metal : repères incandescants et Les meilleurs albums de 2022

Créée

le 9 juin 2022

Critique lue 14 fois

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Budokick

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