Conventionnel, sans génie, mais sympathique.

Tout est dit dans le titre en fait. "All that you can't leave behind" met fin à la période excentrique des années 90. A l'aube des années 2000, U2 effectue un retour aux sources qui permet au groupe de se poser un peu. Les influences tiennent plus de la période « Rattle & Hum » que « Zoostation » mais la fougue et le génie en moins. Bono abandonne sa voix sombre et ténébreuse pour renouer avec une voix plus « soul » comme dans la fin des années 80. Les effets de guitare excentriques et les solos de dingue de The Edge s'effacent au profit d'un style de jeu plus ordinaire. Idem pour Larry qui joue de façon ultra classique, et Adam semble se cacher derrière une basse moins présente qu'auparavant.

« All that » est remplie de ballades molles et patelines, mais elles sont bizarrement attachantes. Peut-être que les mélodies ne sont pas si mal trouvées et que le fait qu'il soit aussi gentil et chaleureux le rend vraiment agréable à écouter dans l'ensemble. « Beautiful Day » le premier single est énervant et assez ridicule, surtout comparé aux premières chansons que composent les trois albums (monstres) de la décennie 90. Elle reste entrainante sur les refrains et le son possède un certain cachet. « Stuck in a moment » est d'une mollesse exaspérante, mais contribue à l'aspect confortable et chaleureux de l'album, avec des chœurs « soul » et tout le tralala. « Elevation » est sans doute le meilleur single, assez classe mais qui a quand même pris un sacré coup de vieux !

La suite alterne avec des titres d'une mièvrerie à faire grincer des dents n'importe quel fan. Mais dans le contexte (mou) de l'album, elles passent bien. Non pas qu'on se plaise à les écouter, mais disons qu'on les digère facilement selon son humeur. « Walk On » propose des refrains racoleurs et on se surprend à chanter par-dessus, même si on sait que le niveau n'est plus le même et les paroles sont niaises au possible. « Kite » est planante, jolie, un peu enflée, mais c'est surtout l'un des titres les plus sympa de l'album avec un petit solo (très court) de The Edge (et qui vaut pas grand-chose certes). « In a little while » est tout simplement agaçante, et la voix de Bono arrive à elle seule, sans compter la qualité discutable de l'instru, à faire dresser les cheveux de honte. « Wild honey » remonte difficilement la pente, avec des arrangements qui font penser un peu à « The Joshua Tree », mais la compo en elle-même n'est pas terrible. « Peace on earth » est déjà mieux même si on souhaiterai qu'elle décolle vraiment, dommage.

Les trois derniers morceaux rehaussent un peu l'intérêt de ce disque pas non plus inécoutable. « When I Look at the world » offre une atmosphère plus travaillée grâce aux arrangements d'Eno, mais reste assez mou et seul le petit solo de The Edge (encore une fois), donne un peu de piment au titre qui décolle un peu mieux juste après. « New York » est un bon titre. Progressif et déjà un peu plus rock que le reste. Larry remonte enfin ses manches et cogne enfin sur sa batterie lors des refrains, pas trop tôt me direz-vous. « Grace » qui clôture l'album, nous invite à nous relaxer grâce à ses nappes flottantes made in Eno, mais se révèle franchement insignifiante.

Conclusion, « All that » propose un retour aux sources assez logique (voir même intéressant), mais la plupart des morceaux vieillissent mal ou sont tout simplement médiocres. Reste une écoute assez agréable dans l'ensemble grâce à son ambiance profitable car cotonneuse (un peu comme dans Unforgettable Fire). Dommage qu'il soit si fainéant et qu'il ne prenne absolument aucun risque !