Anthology 1
7.5
Anthology 1

Compilation de The Beatles (1995)

En 1995, Apple (ceux qui font des albums, non des ordinateurs) offre au monde ce que celui-ci attendait depuis des années, des décennies mêmes : du Beatles. Et pas du réchauffé, mais bien du vrai Beatles, pas de compilation cette fois, mais un gigantesque projet visant à faire connaître la nature profonde des Beatles. Livre, reportage télévisuel, et, pour ce qui nous intéresse ici, une série de 3 doubles-disques permettant aux fans de découvrir des versions différentes des célèbres tubes, mais aussi des inédits.


Cette critique se limitera à parler du premier album Anthology, soit déjà plus de 60 pistes. Avant toute chose, il est bon de rappeler que nous sommes à une époque sans Internet. Ainsi, beaucoup de pistes trouvent leur sens ici, proposant des versions lives, à peine différentes, mais qui proposent un réel potentiel. Aujourd'hui, n'importe qui peut trouver 50 versions différentes du même morceau, mais il y a vingt ans, ce n'était pas si aisé. Ainsi, certaines pistes d'Anthology trouvent leur sens par le besoin de fournir des versions un peu différentes aux fans.


Ne nous mentons pas, de nombreuses pistes sont très très similaires aux versions finales. Please Please Me (piste 24 du premier disque) est un bon exemple. Assez différente de la version retenue pour le single, on a ici le droit à une des versions suffisamment bonne pour avoir, potentiellement, celle que tous auraient connu. Trop peu différente pour être réellement intéressante au niveau musical, c'est historiquement qu'elle trouve son charme. Le cas extrême se retrouve pour moi dans Hard Day's Night (piste 12, second disque) avec une chanson trop similaire.


Ainsi, globalement c'est avant tout pour des raisons historiques qu'on écoutera cet Anthology 1. Il faut dire qu'historiquement, on en a pour son argent. Ainsi, nous avons le droit à deux titres des Quarrymen, les fameux pré-Beatles avec That'll be the Day et In Spite of all Danger. Le second morceau est même une composition de McCarteney et Harrison. Et si déjà on peut sentir quelques choses qui amèneront les idées de bonnes compositions futures. On ne doit pas croire en des merveilles. Ca reste des enregistrement de très mauvais qualité.
On a donc le droit à bien des chansons composés par les Beatles et non encore connues publiquement. On a même le droit à un peu de la salle de bain de la famille McCartney avec You'll be Mine, chanson parodique qui présuppose, quelque part, les expérimentation de Sgt Peppers.
Plus intéressante, on a Cayenne, une des premières chansons de Paul, un pur instrumental qui sonne véritablement bien. On voit que là encore, ce fut un début d'inspiration pour le futur génie. Mais en pur instrumental on retiendra l'orgasmique Cry for a Shadow, seule composition commune de Lennon et Harrison. Morceau d'une véritable puissance, c'est un excellent, un grand moment. On ne peut que regretter de ne pas avoir vu plus de titres comme ça, surtout qu'on dépasse la simple copie des Shadows.
En « nouveau » ancien morceau on a aussi le droit à deux des premières compositions du duo génial. Like Dreamers Do est un des premiers titres de Paul, tandis que John a fait Hello Little Girl. Bien que simples, les deux avaient un réel potentiel et auraient pu se retrouver sur les premiers albums des Beatles. Je m'étonne d'ailleurs que Lennon n'ait pas imposé son Hello Little Girl tant ce titre avait un potentiel de petit single. Une belle trouvaille là encore que nous livre cet Anthology.
On retrouvera également beaucoup de face-b un peu oublié, comme This Boy par exemple.


Mais comme je le disais, l'intérêt est surtout historique et cela pour 4 raisons.
Les Quarrymen furent la première, après tout on peut entendre deux enregistrement de cette époque et découvrir d'autres compositions de cette période. Mais on a également, sur ce disque, la participation Stuart Sutcliff, ancien bassiste, présent sur Hallelujah, I love her So, You'll Be Mine et Cayenne. Une présente discrète et peu remarquable malheureusement. De même, bien que présent sur 10 pistes, Pete Best, l'ancien batteur des Beatles, ne se fera pas remarquer. On notera cependant qu'il n'était pas mauvais, notamment pour les roulements sur caisse claire. Mais que ça soit la composition de la batterie ou les enregistrements, on ne peut voir une franche différence avec le Ringo Starr de la même époque. D'ailleurs, il faut savoir que jusqu'à la parution d'Anthology, beaucoup pensaient que Pete Best était un mauvais batteur, on a la preuve que non.
La troisième raison est la fameuse audition raté chez Decca. Il est intéressant d'avoir un extrait de ce qui fut proposé ce jour là et de chercher à comprendre pourquoi les Beatles furent refusés. Je pense qu'à part un léger manque d'énergie, on ne peut rien leur reprocher. Decca n'a vraiment pas eu du flair.
La quatrième raison est que l'on dispose ici de l'ambiance des studios. On entend les blagues, les erreurs, les retours sur ce qui vient d'être fait. On est vraiment au cœur des studios avec les Beatles.


A côté de ça, Anthology propose également des versions lives de plusieurs titres, afin que l'on puisse voir l'énorme énergie scéniques des Beatles. Pas moins de 11 titres, dont les plus légendaires (I saw her standing there, Twist and Shout, Money, From me to You, I want to hold your hand).
Malheureusement, par sa période même, ce premier Anthology est limité. En effet, en s'arrêtant en 1964, l'album s'arrête avant la prise de contrôle des studios par les Beatles. La phase d'expérimentation n'est pas du tout là et donc les prises différentes restent très proches de celles que l'on connaît. Même si j'avoue avoir pris beaucoup de plaisir à entendre ces versions de Eight Days a Week.


Reste une dernière raison, la meilleure, d'acheter cet album : Free as a Bird. L'ultime témoignage des Beatles tous ensemble. Alors, certes, ce n'est pas techniquement pas vrai, mais Rear Love n'atteint pas la force de Free as a Bird. Le piano et la voix sont de Lennon, et les 3 membres restant vont rajouter en studio, tout le reste. L'ambiance de travail sera comme s'ils étaient de retour à la fin des années 60 et que John était parti en vacances. Pari réussi, le titre sonne très Beatles ! Et on jurerait même qu'il aurait pu être composé après Revolver.
Il faut dire que tout est parfait dans ce titre. Les paroles sont emplies de nostalgie et de joie, la basse accompagne avec vie et douceur le piano tandis que la guitare de Harrison offre une magie unique, reconnaissable entre mille. L'union des voix entre Paul et John est tout aussi magique et Ringo offre un travail, là encore, propre à sa personne.
A travers la mort, les Beatles sont réunis pour un des plus magnifiques travail musical. Les fans ne sont pas trahis, nous avons un ultime témoignage des Beatles : être libre comme un oiseau. C'est-à-dire dans l'esprit de John être dans un nid, avec une famille.


Magnifique morceau qui justifie à lui seul l'achat de ce disque. Même si, majoritairement, c'est un disque à réserver aux fans du groupe et aux fans qui aimeront décortiquer et comparer des versions. Le manque d'intérêt musical explique la faiblesse de la note pour l'album.

mavhoc
6
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le 1 oct. 2016

Critique lue 220 fois

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