Anthology 3
7.9
Anthology 3

Compilation de The Beatles (1996)

Troisième volet de la fameuse saga Anthology, ce nouveau CD offre à mon goût les mêmes avantages et les mêmes inconvéniants que le numéro 2 : très peu de « réelles pistes » et beaucoup de moment qui intéresseront les ultra-fans et les musicologues. Avouons qu'étant dans la première catégorie, ce disque est un must-have absolu selon mes critères. Mais je ne peux que penser que pour un non-initié ou un vague fan l'achat peut être questionnable.


A la différence des deux premiers double-albums, nous n'avons pas ici de nouvelles compositions de Lennon, avec le travail des Beatles restant. Pour autant, nous avons le droit à notre petit lot de nouveauté avec notamment A Beginning qui ouvre le bal. Le morceau composé par Martin devait servir de transition sur le White Album avant Don't pass me by de Ringo... On comprend pourquoi le titre n'a pas été gardé tant il n'aurait pas eu sa place. Sa présence sur Yellow Submarine semble évidente puisqu'on reconnaît immédiatement le type d'orchestration qu'utilise Martin pour cet autre travail. George Martin fut essentiel aux Beatles. Qu'il ouvre ce dernier album en est une reconnaissance supplémentaire.
Nous avons enfin sur album What's the New Mary-Jane de Lennon/Ono/Harrison. Un morceau d'avant-garde qui aurait dû être sur l'album blanc et qui jouissait d'une sacrée réputation dans le monde des fans. Si je trouve le mixage final un peu décevant, on appréciera l'intégralité de cette ambiance d'avant-garde absolument novatrice (6 minutes les amis). On s'étonnera également de ce son, si loin de ce que proposait le reste de l'Album Blanc … A se demander quelle forme aurait pu avoir ce disque légendaire si les choses avaient eu lieu un brin différemment. Le titre plaira donc aux fans de l'avant-garde.
Step Inside Love/Los Paranoïa fait aussi parti des nouvelles découvertes de cette compilation. Il s'agit d'une auto-reprise de Macca qui décide de jouer une de ses compositions pour la géniale Cilla Black. Macca avec John et Ringo aux percussions continue ensuite en improvisation sur Los Paranoïa... On regrettera que cependant le titre ne soit pas gardé en entièreté. Cependant cela reste très anecdotique.
Un des temps forts de ce double album est le très beau meddley rock'n'roll du second disque avec Billy Halley, Carl Perkins et Little Richard. Ce meddley est vraiment très sympa et respire le rock du début des Beatles. On est de retour en 1960 ! Quelle joie dans cette écoute. On voit que le groupe n'avait rien perdu de son mojo rock'n'roll et pouvait encore nous proposait ce genre de son même si dans la voix il y avait une maturité en plus.
Dans la même veine, Mailman, Bring me no more Blues de Buddy Holly fait parti des redécouverte ici. On voit que l'amour de l'ancien rock'n'roll n'aura jamais quitté les Beatles. Bien que douce et simple, malgré une très jolie basse, le titre est sympathique mais sans plus.
On voit aussi une nouvelle reprise de Ain't she sweet très doux, assez ronronnant et groovy. On sent que les Beatles s'amusent avec un titre qu'ils ont saigné dans leurs jeunes années et avant le succès.


Le vrai gros titre pour moi de tout l'album est Come and Get it de McCartney qui enregistre tout seul (préfigurant ainsi son premier album solo) ce morceau qu'il offrira aux Badfinger ensuite. Le morceau a une force de son dans la batterie, dans la basse, dans le piano et dans la voix … Quel beau travail de Macca ! C'est excellent ! Ecoutez et vous allez adorer.


L'important est bien entendu dans le travail de préparation des morceaux. On peut ici noter qu'on trouve d'une part des enregistrements qui serviront de base de travail pour les albums solos des Beatles et d'autre part ceux qui sont pour des morceaux sortis avec les Beatles. Commençons donc par ceux-ci.


Bien entendu, tous ne sont pas inoubliables. Mais la première piste-Beatles après A Beginning est Hapiness is a warm Gun … Et fichtre que cette version démo est bonne... On voit Lennon s'entraîner, on entend sa voix prendre la forme qu'il désire pour le morceau. On l'entend aussi commencer à chanter son amour pour Yoko. On appréciera énormément aussi la version plus lente et bluesy de Helter Skelter … Heureusement le morceau a évolué, mais qu'elle joie d'entendre cette version non-terminée.
Cette version différente, plus calme, on la retrouve dans Why don't we do it in the road qui obtient ici une intro très calme avant que la voix monte en puissance. Macca est seul à la guitare, ce qui est ici le seul réel défaut.
Ce côté calme se retrouve aussi avec She came in throught the Bathroom window … Mais pour le coup le morceau perd totalement en saveur.
For you Blues gagne un côté un peu groovy supplémentaire. Très bonne nouvelle version.
Ob-la-di Ob-la-da gagne une dimension gigantesque ici avec les percussions supplémentaires ici. Cette nouvelle version détrone même la réelle pour moi et je ne comprends pas le choix de la sélection ici. Une excellente version que je recommande ultimement pour tout le monde !


Plusieurs morceaux tiennent de la démo pas incroyable car finalement proche de la version finale. Certaines sont cependant à l'acoustique, ce qui permet un regard un peu différent. Mean Mr. Mustard entre dans cette catégorie. Idem pour Glass Onion (la version électrique qu'on retrouve plus tard sur l'album est trop proche de la version finale pour avoir de l'intérêt). Polythene Pam également malgré quelques nuances et un côté acoustique que j'ai beaucoup aimé, préférant peut être même cette version à la finale. Black Bird a si peu de différence que cette version est quasiment sans-intérêt.
J'ai tendance aussi à beaucoup aimé la douceur de Piggies à l'acoustique. Honey Pie gagne aussi un rythme amusant dans cette version. Cry Baby Cry a une version vraiment sympa comme ça. A l'inverse Sexy Sady gagne une lourdeur en plus je trouve ici.
Mother's Nature Son est pour moi un de ces titres entre deux dans cette version démo. Idem pour Rocky Racoon.
While my Guitar gently weeps fait parti des magnifiques ajouts. Cette douce version acoustique parvient à capter toute l'âme du morceau. Quel artiste Harrison était, il nous offre une sensibilité et une subtilité dont personne n'aurait douté en 1963.
Don't pass me by est dans les morceaux très oubliables dans cette version, différent bien peu. Good Night a à peu près le même soucis. Hey Jude est peu différent, malgré le début amusant. Cette version est juste moins aboutie et bonne. I'm so tired semble sorti de l'album final sauf quelques légères différences dans la voix. Idem pour I will. Julia est très tendre mais finalement peu développé est trop proche de l'original dans sa majorité. Dig a Pony, Two of Us, Maxwell Silver, I Me Mine, Hammer, Octopus Garden entrent dans cette catégorie.
On appréciera d'avoir le live de Iv've got a feeling dans une autre interprétation. Ce côté vivant se retrouve aussi dans Oh Darling et le très rock Get Back. On sent un côté très vivant dans Come Together aussi. Dans cette version à la fois proche de l'album et vivante on a aussi Let it be.
The Long and Winding Road se retrouve enfin dépouillé des arrangements de Spector pour retrouver sa simplicité première (simplicité à relativiser cela dit).
Old Brown Shoe trouve un côté très épuré ici dans cette version démo. Il en va de même pour Something. On sent vraiment la naissance du morceau.
Because trouve sa version a cappella pour quelque chose de très surprenant pour les auditeurs.
On a également un remixe différent, offrant un début totalement différent pour The End.


A côté de ça, on a le droit à quelques essais pour des futurs compositions solos des Beatles. Dans cette catégorie pour moi la meilleure piste est le somptueux I'm Guilty de Harrison, dans une version résolument plus rock avec une guitare électrique à réveiller un mort. Là encore une des pistes qui justifie l'achat du disque.
Junk de McCartney n'est encore qu'une vague démo à l'acoustique avec une forme pas encore assurée. On sent un certain doute dans la démo, comme un mémo pour plus tard. Mecca prépare aussi Teddy Boy un peu plus assuré mais encore au stade de l'ébauche. All things must pass est à peu près au même niveau.


En somme Anthology 3 est un disque très varié, possédant quelques très bons morceaux en soi mais énormément de travail de création qui n'intéresseront que les ultras-fans des Beatles.

mavhoc
5
Écrit par

Créée

le 18 nov. 2018

Critique lue 255 fois

mavhoc

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