Antidotes
7.3
Antidotes

Album de Foals (2008)

Simple question, vous êtes-vous déjà demandé ce qui vous a poussé à acheter tel ou tel disque ? Penchez-vous sur votre pile de CD, faites défiler le bac à vinyles, triturez votre iPod et posez vous la question de savoir ce qui, ce jour-là, vous a poussé à commettre l’irréparable. Une envie de brit pop compulsive, un sursaut punk, une carence en new wave, et quelques fourmis dans les pieds, et vous vous êtes retrouvés avec les Editors, Scissor Sisters, Infadels, Hives et autres disques de Pulp, en moins de deux, parés pour affronter vos vieux démons. Les mois passent, les saisons se succèdent, le NME semble avoir déniché la réincarnation de Kurt Cobain chaque semaine, et puis ça recommence. Alors quoi, vous sautillez sur les Fratellis, reprenez en chœur les intros des Klaxons et allez faire un coucou à Razorlight à la fête de l’Huma, en priant pour qu’Alex Kapranos sorte enfin de son studio pour balancer la sauce.


Seulement, par un beau soir d’hiver vous tombez sur un set de Foals. Ouai, retenez ce nom, Foals. Un quintette comme il s’en fait beaucoup, couvert d’un buzz suffisamment énorme pour s’en servir comme doudoune polaire, et de quelques singles comme Mathletics et Hummer en guise de pass all access. Emmené par le chanteur/guitariste Yannis Philippakis, Foals qui tient son nom d’une bonne blague équine (Foals signifie « poulains » en français, tandis que le nom de famille du leader veut dire « petit amoureux des chevaux ») n’avait qu’une seule idée en tête en empoignant ses instruments : faire danser les gens. Et bien plus encore, les faire danser sur de la musique intelligente. Un pari qui se réalisera à coups de répétitions acharnées et de la rencontre avec le producteur David Sitek, collaborateur des nerveux Tv On The Radio, une sorte de manitou déjanté qui va pousser les jeunes gens à l’extrême et faire des sessions d’enregistrements, des expériences uniques quasi-mystiques. De ces 5 semaines passées avec lui à New York, Jimmy Smith, le guitariste en gardera un souvenir impérissable, définissant le travail de Sitek, comme un moment inoubliable qui a fait passer au groupe un cap important, redéfinissant totalement la manière de travailler des 5 membres.


Le résultat, le salvateur Antidotes, est un concentré d’énergie, un bouillonnement permanent de trépignements musicaux, portés par des voix qui hululent chaque syllabe comme si l’avenir de la tribu en dépendait. Dès le premier morceau, The French Open (petite référence à la terre battue), on ignore sur quel terrain on s’embarque, avec un dub qui change de rythme et s’essouffle en fond de court. La pop reprend le dessus, et ce sont des milliards d’insectes qui dandinent leurs ailes sur l’excellent Cassius, avec une guitare qui, si elle le pouvait, jouerait au-dessus de la 25ème frette. Mais bien plus que des hymnes entraînants, Foals insuffle à sa musique une mélancolie quasi new wave (Red Socks Pugie, Olympic Airways), un sentiment qui nous donne envie de rester au bord de la piste les yeux dans le vague, et vomir sa bière sur un disque de Kylie. Antidotes joue sur les contrastes en permanence, titube sur la tangente sans jamais décider de quel côté basculer pour de bon, relance la machine avec le ska cuivré de Balloons et replonge dans le chaos de Heavy Water.


Le premier album de Foals, répond à toutes vos interrogations. Tout ce que vous avez toujours cherché dans la musique se trouve là, cette quête du frisson aussi cérébrale que physique est ici, désormais l’antidote à la morosité est disponible.

Valentin_Shùck
9
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le 31 mars 2015

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Valentin Chk

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