Arts martiens
6.6
Arts martiens

Album de IAM (2013)

On ne présente plus les gus de Marseille, véritables piliers du Rap Français, source d'inspiration et d'évolution de la plupart des MC de la "nouvelle génération" (enfin, d'après ce qu'ils disent en interview...).

La référence se nomme "L'école au Micro d'Argent". Pas la peine de revenir dessus, je crois que le skeud en question a été suffisamment évalué et magnifié. Mais le résultat est là : le groupe impose sa patte, son univers musical. Et il se définit un peu comme une bonne bouteille de pinard : plus il prend de l'âge, plus son goût se renforce.
On pourrait utiliser la même symbolique pour "Revoir un Printemps". Même si l'album est inférieur musicalement parlant, cela reste un skeud qui a marqué mon adolescence, que j'ai saigné une multitude de fois, en essayant d'"imiter" le couplet de fou-furieux de Redman, sur le track "Noble Art". Dès lors, il est normal que cet album ait une valeur particulière à mes yeux, une valeur que je pourrais qualifier par la nostalgie.
2007, c'est "Saison 5". Et là les choses se gattent un peu... Le groupe pond un album aux teintures très Hip-Hop, comme pour nous montrer qu'ils sont toujours dans le coups et qu'ils n'ont pas pris une ride. Malheureusement, malgré des singles efficaces, le skeud ne marque pas. A cause d'une tracklist assez fade et imparfaite certainement, qui, de surcroît, s'est vite effacée derrière la grosse production Rap de l'année 2007.

En 2009, Freeman quitte officiellement le groupe, ce qui créera quelques tensions, notamment avec Sir Akhenaton. Et à ce moment là, on se demande si le groupe IAM n'est pas en train de devenir IAM NOT (sans mauvais jeu de mots).

La réponse nous est enfin donnée six ans plus tard, avec ce "Arts Martiens". Une réponse assez positive, il faut l'avouer. Car il est certain que cette nouvelle production surpasse largement la précédente. A l'écoute, on retrouve une ambiance à la fois singulière et familière, grâce à un ton musical harmonieux, une écriture imagée et un flow qui sent bon le Sud.

Et on se dit que la force d'IAM est là. Avec le temps, le groupe a gardé son profil "authentique" et "terrien", fidèles à leur sol marseillais et à leurs valeurs. Ce qui est finalement devenu leur marque de fabrique.

On se laisse tout d'abord séduire par le cover art, plutôt stylé. Dans une ambiance bleutée et verdâtre, une référence asiatique est donnée (le jeu de mots "Arts Martiens" venant confirmer le constat). Et c'est en effet la tonalité esthétique qui viendra ponctuer la tracklist de l'album, surtout au niveau de l'instrumental et des différents skits. Une orientation musicale faisant un écho naturel à leur classique de 1997, tout en nous rappelant leur affiliation explicite avec l'univers musical des Wu Tang'.

Le skeud s'ouvre sur les deux premiers singles promotionnels. "Spartiate Spirit", nerveux et efficace et "Les Raisons de la Colère", un morceau plus thématique et immersif.
S'en suit une sélection de tracks, qui constitue selon moi le cœur et le haut du panier de l'album : "La Part du Démon", "Benkei Et Minamoto", "4.2.1" et "Marvel". Des tracks singuliers, bien produits, bien écrits. On se laisse vite séduire.
Le six morceaux suivants ne marquent pas tellement, tant le groupe bascule dans une atmosphère plus "sentimentale" où les pistes musicales pianotées lassent rapidement.
Mais on repart de plus belle avec "Pain au Chocolat" et "Sombres Manœuvres / Manœuvres Sombres", le morceau le plus long de l'album. Deux pistes où le vécu et une réalité sociétale règnent, et cela conté sur des productions impressives.

L'album se finit bientôt et un sentiment plutôt positif nous anime, car on sent que les Marseillais ont bossé et que leur sensibilité artistique les habite toujours.
Même si on reste sur une ambiance générale assez calme et sombre, ce qui peut lasser par moment à l'écoute successive des 17 tracks, on est sans aucun doute face à une musique mature et réfléchie.
Et de la part d'IAM, on en attendait pas mieux.
Théo-C
7
Écrit par

Créée

le 25 avr. 2013

Critique lue 740 fois

2 j'aime

Théo-C

Écrit par

Critique lue 740 fois

2

D'autres avis sur Arts martiens

Arts martiens
Shortlegg
5

L'Ecole du Micro d'Argent s'est retirée.

Etonnante déception. Cet album est étrange, la production est léchée, les paroles sont bien écrites, classiques et s'inscrit dans une école hip hop dont on sent bien la patte new yorkaise. C'est peut...

le 22 avr. 2013

16 j'aime

33

Arts martiens
guillaume-b
8

Critique de Arts martiens par guillaume-b

Dire que "Saison 5" le précédent album d'IAM m’avait déçu serait un doux euphémisme. Les productions dancefloor de ce dernier et les textes bien souvent démagogiques qui le composaient étaient loin...

le 30 avr. 2013

4 j'aime

1

Arts martiens
Lardon
7

Les meilleurs conteurs du circuit

Comme j'attendais particulièrement cet album, j'ai décidé de m'immerger complètement dans l'univers d'IAM et d'écrire une critique à chaud, sans consulter les vôtres. J'y jetterai un oeil après avoir...

le 30 avr. 2013

3 j'aime

2

Du même critique

Random Access Memories
Théo-C
9

De l'or en barrettes

Les Daft Punk ne sont pas les artistes les plus présents médiatiquement parlant sur la scène musicale. Sans doute faut-il entretenir le mystère autour des deux masques robotiques. Mais ce "Random...

le 14 mai 2013

42 j'aime

3

The Marshall Mathers LP 2
Théo-C
6

"Eminem killed by M&M !"

C'est un petit peu l'histoire "rapologique" du MC et sa singularité. Un rappeur jonglant entre différentes personnalités, du Shady totalement déjanté, au Marshall plus sentimental, en passant par le...

le 9 nov. 2013

33 j'aime

2

Quand vient la nuit
Théo-C
8

Plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien

Michaël R. Roskam est un cinéaste à suivre de près. Découvert, pour ma part, avec l'excellent et surprenant "Bullhead", le belge confirme ses qualités de réalisateur avec ce nouveau film made in...

le 17 nov. 2014

29 j'aime