Bien avant de devenir une méga-star connue (et reconnue) Rob Zombie jouait dans son propre groupe nommé "White zombie" et le moins que l'on puisse dire c'est que ses débuts n'étaient pas prometteurs mais plutôt laborieux. Une série de démos et d'enregistrements pourraves brillant plus par leur amateurisme musical qu'autre chose (l'affreux "Soul crusher" en tête) furent les premiers balbutiements du zombie blanc...et il faudra attendre 1992 pour que la révélation soit au rendez-vous : "La sexorcisto" dès sa sortie mis tout le monde d'accord et est encore considéré aujourd'hui par les critiques comme un chef d'oeuvre (peut-être LE chef d'oeuvre de la carrière de Rob Zombie). En tout cas, il faut dire que "La sexorcisto" (malgré quelques éléments un peu linéaires) montrait une sacrée bande de musiciens avec un véritable sens du rythme, du riff, et un groove magique de tous les instants. L'album (et le groupe) est d'ailleurs considéré comme un des pionniers du metal industriel mais également du stoner : la lourdeur des riffs de guitare (à faire décoller le papier peint) et le groove (le groupe ayant contribué à creuser le sillon "groove metal" à la suite d'un certain Pantera) étaient la recette gagnante de "La sexorcisto" (poussée un peu plus loin ici). Quant-au chant de Rob Zombie...que dire...si ce n'est que sa voix grave, éraillée (mais pas trop), puissante, et viril est absolument dévastatrice...il n'a même pas besoin de beugler pour insuffler à sa musique la force nécessaire à un maximum de dégâts.


L'univers des séries Z et des mauvais films d'horreur a toujours été l'inspiration première de l'univers de White Zombie...via l'ajout de samples et extraits divers renforçant l'atmosphère gluante de l'ensemble. Ici, sur cet "Astro creep 2000" pas de changements majeurs à ce niveau-là...seulement il faut reconnaître que cet album brille d'un "plus" supplémentaire (ou d'un "moins" selon vos préférences) : des touches industrielles et électroniques font discrètement leur apparition, et quand elles ne fusionnent pas directement avec l'électrique on jurerait que c'est elles qui inspirent directement les rythmiques martiales et furieuses de bon nombres de brûlots présents sur le disque (l'introductif "Electric head part1", ou "I zombie" par exemple...). Evidemment, "White zombie" (et même Rob zombie) souffre tout de même de la comparaison avec Ministry...lequel a révolutionné le genre avec son chef d'oeuvre ultime sorti la même année que "La sexorcisto" (le grandiose "Psalm 69"), néanmoins cet album apparaît bien vite comme un chef d'oeuvre malgré ses structures davantage "classiques" parfois (couplets, pont, refrain...) du fait qu'il expérimente courageusement tout en diversifiant son approche à diverses reprises.


Ainsi, "Super charger heaven" donnera dans le heavy metal le plus burné et le plus dur qui soit (les refrains "DEVIL MAN DEVIL MAN" faisant immanquablement secouer la tête frénétiquement), tandis que "Real solution" donnera dans un rap aérien et étouffé sur les couplets avant de nous plaquer violemment au sol sur les refrains avec des riffs de guitare assassins à la puissance atomique (l'album profite d'ailleurs d'une production encore supérieure à son prédécesseur). Quant-au single "More human than human" (qui reste encore aujourd'hui un incontournable de Rob Zombie en concert) il reste un des meilleurs titres des années 90 : ça rappe, ça groove, ça chante (bien et surtout très vite), l'électro produit un groove purement synthétique auquel la guitare répond sans cesse à grand renforts d'ondes sismiques...un vrai régal!


L'album ne serait sans doute "que" excellent s'il ne se terminait pas sur "Blood milk and sky" : véritable trip psychédélique (genre présent à petites doses tout au long du disque) où l'auditeur lâche totalement prise et se laisse submerger par la puissance des riffs de guitare, puis par la voix sombre et inquiétante de Rob Zombie avant que des samples orientaux et des bruitages divers et mystérieux ne viennent s'introduire dans la danse...créant ici une ambiance musicale mystérieuse, intense, et inoubliable. Bref, "Astro creep 2000" est une pierre angulaire du metal des années 90, assez peu évident à classer d'ailleurs...même si l'indus reste la tendance dominante de l'ensemble (comparé à l'album précédent). S'ensuivra un album de remixes peu intéressant, et la dissolution du groupe (pour des raisons à peu près aussi logiques que pour le groupe "Téléphone" si vous voyez ce que je veux dire...ce qui est assez drôle vu l'extrême différence d'univers musical... ;) ).


Depuis, "Rob Zombie" ne cesse de faire de la musique en creusant le filon : metal horrifique et surproduction bien lourde et massive...sans toutefois jamais égaler à nouveau les sommets atteints avec son groupe d'origine, malgré deux ou trois albums excellentissimes!

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le 13 juil. 2020

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Venomesque

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D'autres avis sur Astro‐Creep: 2000: Songs of Love, Destruction and Other Synthetic Delusions of the Electric Head

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