Benjamin Clementine brode au piano des mélodies rythmées ou des couches sonores plus enveloppantes, et y superpose un timbre évocateur, une bonne dose de lyrisme. Une gueule et une voix protéiforme. De stentor ou parfois de tête, comme quand il s’amuse à nous retranscrire ses premières émotions avec la musique classique sur le titre « Adios ».

Quelque chose de presque énervant parfois, quand nos oreilles sont saturées par des cordes vocales puissantes qui s’égosillent, comme si l’émotion était proportionnelle aux décibels. Mais l’émotion est tout de même ici.

Clementine semble nous clamer la manière dont il voit désormais la vie et le passage dans cet interstice rouge, en toute franchise et à fleur de peau. Ses chansons reflètent, entre divers balades, son parcours « initiatique », son choix d’avoir quitté un Londres plutôt aisé, et laissé derrière lui les souvenirs d’une éducation parentale plutôt rustre, pour y rejoindre Paris, la chanson française de Ferré, Brel, Aznavour, y devenir « un homme » comme il dit, « envoyer ses condoléances à la peur », commencer à se tester dans le métro après avoir passé ses premières nuits parisiennes à même le trottoir. Le tout avec une confiance assez résolue dans le fait de réussir à percer un jour ou l’autre. Des résultats très rapides, une signature chez Barclay, un premier EP, un deuxième, des prestations scéniques remarquées, des spectateurs souvent électrisés, et puis ce premier album enregistré à Londres.

Si on avait déjà suivi Clementine avant l'écoute de cet album à travers ses EP ou vidéos live, certaines nouveautés apparaissent. On ne l'avait encore jamais écouté poser une voix douce et feutrée presque tout au long d’une chanson, ce qui apporte un certain équilibre à l’album ("Winston Churchill's Boy" ; "The People and I" ; "Gone").

On regrette cependant quelques excès ou effets de trop dans l’accompagnement ( les cloches de "Quiver a Little" ont du mal à passer) qui font que rien ne semble pouvoir égaler le simple piano-voix parfois, là où Clementine excelle. Quelques regrets donc, ou plutôt des frustrations que l’on ne perçoit finalement que quand l’attente est très élevée, que le potentiel est immense.
Ce qui néanmoins nous laisse l'avantage de penser que Clementine garde encore de belles promesses.
Simoz
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le 16 janv. 2015

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Simoz

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