{Awayland} par alfextra

Il y a maintenant trois ans, Villagers arrivait sur la planète rock avec Becoming A Jackal. Parfois très recherché, cet opus apparaissait comme la confirmation de la maturité du groupe, alors qu’il ne s’agissait en réalité que de leur premier album. C’est donc avec beaucoup d’impatience que la suite se faisait attendre…

Sorti le 14 janvier 2013 sur le label Domino, {Awayland} est enfin disponible. L’album a été enregistré, produit et mixé par Conor O’Brien et Tommy McLaughlin, dans le studio irlandais Attica Audio. A l’heure où les .MP3 règnent sur le monde de la musique, ces 11 titres rock frappent par leur complémentarité et nous donnent l’envie de voyager dans un monde lointain.

{Awayland} débute par My Lighthouse, traduit en français par “mon phare”. Il est vrai que cette introduction nous éclaire bien sur la route que va suivre cet album. Ce sera une ballade aux harmonies et aux voix brillantes. Assez proche d’une berceuse, on est pourtant loin de s’endormir puisque arrive rapidement Earthly Pleasure. Ce morceau aux multiples rebondissements est difficilement classable. On divague entre une voix séduisante et l’atmosphère menaçante laissée par le chanteur (ton autoritaire, bégaiements).

Disponible depuis quelques mois sur Spotify, The Waves est mon coup de coeur personnel. On retrouve un O’Brien joueur et des synthés percutants. Tranquillement sur la plage, les vagues viennent plus ou moins mouiller nos pieds. C’est agréable. Jusqu’à ce qu’une plus grosse vague vienne nous donner une véritable claque. La fin du morceau est en effet explosif.

Judgement Call utilise d’ailleurs ce final comme rampe de lancement pour devenir un morceau parfaitement produit. Entraînant, ce morceau pourrait faire à l’avenir de l’ombre au tube de cet album : Nothing Arrived. Entre folk et rock, ce morceau donne le sourire comme il rend triste. C’est souvent la formule magique d’un bon titre : vaciller entre optimisme et pessimisme. C’est ce qu’on retrouve dans le clip.

The Bell nous permet d’aborder un des points forts des Villagers : les paroles. Dans ce titre, les textes sont empreints d’une douleur particulière. Un sentiment déjà connu qui fait mal. L’enchaînement avec le titre {Awayland} est d’ailleurs remarquable. Toute une mélancolie vient frapper votre coeur, comme un rappel des souvenirs que l’on pensait enterrés. Mais ce morceau aux magnifiques chœurs est aussi une jolie ode au changement, au dépaysement. Le quintette réussit en effet à nous faire voyager, tout en gardant les pieds sur terre.

Après une introduction sèche, O’Brien vient poser son sombre timbre de voix sur Passing a Message. Cette chanson saccadée se veut volontairement irrégulière et désoriente légèrement. Grateful Song nous remet dans le droit chemin avec une sorte de joie ironique. Comme si le bonheur que dégage ce morceau cachait en réalité quelque chose. Sans doute vois-je complexe là où en réalité il s’agît d’un titre simple. Une libération après toute la tristesse engrangée…

Avec In A Newfound Land You Are Free, le groupe retrouve les paroles appliquées et le froid irlandais. La conclusion de cet album est tout simplement sublime. Rhythm Composer se démarque par son rythme justement, ainsi que par ses harmonies joliment arrangées. Le final électro se veut réjouissant. Le prochain album des Villagers prendra peut-être la direction de cette dernière minute…

{Awayland} est dans la continuité du premier album des Villagers. Mélodramatique par moment, il procure de belles émotions tout au long de l’écoute. Les irlandais ont de nouveau exploité toute l’étendue de leur talent. Ils seront en concert le 22 février à la Maroquinerie (Paris) et le 6 Mars au Grand Mix (Tourcoing).