Bad Cowboy
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Bad Cowboy

Album de Seth Gueko (2013)

Bras gonflés, tatoués et cramés par le soleil thaïlandais. Ensemble en jean, bedaine de bière. Boule rasée, babar de trois jours. Des yeux qui partent en couille, cachés derrière des lunettes D&G.
Voici Seth Gueko, le prétendu fils caché de "Jack Mess", celui qui fait aussi bien le gitan dans le Rap français, que Brad Pitt le fait dans "Snatch".

Avant même de parler de sa musique, cette simple description permet de constater que le MC en question est avant tout un personnage nourri par diverses influences, à la fois réelles et fictives. C'est un peu le B2OBA des forains. Ce n'est pas pour rien que le Duc de Boulogne lui avait offert un track sur sa tape' "Autopsie Volume 3".

Bref, quand on écoute du Seth Gueko, il faut adopter une lecture jonglant entre le second et le dixième degrés, à travers une multitude de punchlines percutantes et un argot Guekien, travaillé à base de diverses langues communautaires. Ce savant mélange épicé donne lieu à une musique singulière, typiquement attachée à son auteur.
Seth n'aura pas eu besoin d'ajouter un refrain de pisseuse R'n'B ou de se teinter la voix à l'autotune pour imposer le premier single de son nouvel album, "Paranoïak", comme un des morceaux majeurs de la playlist actuelle de Skyrock.

La galette en question est titrée "Bad Cowboy", ce qui correspond à merveille au personnage.
Le skeud démarre par une sorte d'intro' assez agressive et efficace, sur une musique limite filmique et où le MC déballe ses premières phases salasses : "J'vais me tatouer une guêpe sur l'gland, tu pourras m'pomper le dard !".
S'en suit un skit signé Jean-Marie Bigard, quelle surprise ! Ou pas... Car lorsqu'on écoute le nombre de saloperies qu'il balance en moins d'une minute, on se dit que le choix n'est pas si anodin. Mais ce skit donne surtout la tonalité du reste de la tracklist, à savoir des titres souvent WTF, bourrés d'égotrip badass et vulgaire.

Alors jusqu'à présent, on se dit que ce "Bad Comboy" n'a rien de bien différent que "Michto", sorti deux ans plus tôt. Et bien en fait si, car l'ensemble des productions sont plus soignées, dans le sens où elles contribuent réellement à façonner l'univers fictif de Gueko.
Mais le vrai plus reste le choix des featurings. Des invités de marque, dans un premier temps, mais qui bénéficient également du respect de leur univers respectif. De fait, on retrouve le côté geek d'Orelsan, le profil "Rap conscient" de Kery James (morceau sur lequel Seth se garde bien de sortir des insultes salasses toutes les deux phases), ou encore la mentalité "bledard" de Rim'K (morceau qui rappelle un peu son célèbre "Banlieue", en feat avec Booba).

En résumé, on passe un bon moment à l'écoute de ce nouveau skeud. Rien ne surprend ni n’épate, mais c'est du bon délire bien assumé et bien porté. Reste deux ou trois tracks à jeter direct, notamment lorsque Gueko s'essaye à l'autotune justement, ou alors lorsqu'il passe trois minutes à nous expliquer le menu de ses soirées barbecues. Oui, il ne faut pas abuser quand même...
Théo-C
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le 13 mai 2013

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Théo-C

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