Michael Stearns est surtout connu pour ses musiques de films documentaires méditatifs et anxiogènes, sauf pour les effondrologues (Baraka, Samsara) films qui s'inscrivent dans la lignée de la trilogie Koyaanisqatsi produite dans les années 80 par Francis Ford Coppola et qui dénonçait, je cite, "les prémisses de notre société ultra-libérale, où tout est marchandise, même l’homme, tiraillé entre son désir de possession et l’asservissement induit par celui-ci."

http://www.slate.fr/story/69837/samasar-un-autre-documentaire-est-possible

Surprise : en collaborant pour la première fois depuis 1995 avec Steve Roach, Michael Stearns lui apporte une syntaxe plus articulée, un espace plus vaste, et lui offre un vrai tremplin pour éviter l'appauvrissement cognitif et relationnel qui le guette chaque fois que sa femme oublie de planquer les clés du studio d'enregistrement et qu'il passe des journées entières à y faire ses petites expériences hébéphrènes : simuler encore et encore des phénomènes biologiques ou météorologiques en secouant quelques molécules dans une éprouvette, dans son labo creusé à flanc de montagne sous la salle à manger, puis réduire son interaction au minimum et se contenter d'observer ce qui se passe - c'est cela qui est donné à voir dans les vidéos de ses concerts : il se déplace précautionneusement entre des murailles de synthétiseurs analogiques, titillant un potentiomètre ici, effleurant un curseur là, attentif à ne pas interférer avec l'expérience en cours, comme si ses séquenceurs étaient bourrés de chats de Schrödinger. Ici, il y a des intentions, un tempo, des harmonies, de l'amplitude, tout ce qui fait défaut par défaut à son usine de galettes ambientes. Comme le résume un auditeur attentif : Just beautiful soundscapes that capture nature in all its glory.

john_warsen
10
Écrit par

Créée

le 8 oct. 2022

Critique lue 3 fois

john_warsen

Écrit par

Critique lue 3 fois

Du même critique

Live at SoundQuest Fest 2021 (Live)
john_warsen
4

Critique de Live at SoundQuest Fest 2021 (Live) par john_warsen

Interminable pensum de cascades de friselis d'arpèges harmoniques texturés et programmatiques, sauf pour la dernière piste, sauvée de la langueur monotone par les boites à rythme tribales, comme on...

le 8 oct. 2022

Temple of the Melting Dawn
john_warsen
4

Critique de Temple of the Melting Dawn par john_warsen

Steve et Serena visitent le Temple de l'Aube fondue, main dans la main en grignotant du gruyère râpé. Il a amené ses synthés, elle a pensé à apporter ses flûtes, son harmonium de poche, tout ce qu'il...

le 8 oct. 2022

Into the Majestic
john_warsen
8

Critique de Into the Majestic par john_warsen

Il y a des disques de Steve Roach qui ronflent et grondent comme un Alligator 427 en approche de Kyiv. Celui-ci, non. C'est même un disque de musique planante comme on n'en attendait plus de la part...

le 8 oct. 2022